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Paroles Plurielles
23 décembre 2005

Le mouton de J-C…(Charlotte)

Le mouton de Jean -Christobal n’est pas près du petit Jésus ,couché dans la crèche.

Il ne peut même pas entrer dans l’étable , il doit rester dehors dans le froid, le noir et la neige.

Il n’y a pas de place pour lui et pourtant ,elle est grande ,l’étable.

Il y a un âne et un bœuf qui y mangent à leur faim ,y dorment à leur aise .Il y a aussi, une immense réserve de paille et de fourrage pour tenir jusqu’à la récolte prochaine.

C’est pour dire encore une fois,combien elle est grande et riche…l’étable.

Mais le mouton de Jean-Christobal n’a pas le droit d’y déposer ses pattes fatiguées.

Cela fait neuf mois  qu’il est parti de ses pâturages ,de là haut dans la montagne, qu’il se tue  à descendre dans la vallée pour arriver à temps à Bethléem où un heureux événement est annoncé  depuis longtemps .

Il est là ,dehors, interdit d’entrée.

Jean-Christobal n’a pas été sage, n’a pas bien travaillé à l’école, il n’a pas étudié ses devoirs et ses leçons, il ne connaît pas son petit catéchisme par cœur.

Il a un zéro en religion .

Son Papa n’est pas content et le Pape et le Bon Dieu, non plus ,paraît il.

Il est puni , son mouton aussi :Pas de Noël, pas de cadeaux , pas de petit Jésus.

Maman se tait, n’a rien à dire ici…C’est comme ça… c’est Papa qui décide.

Jean-Christobal pleure…son mouton aussi.

Mais c’est trop tard.

« Fallait y penser ,avant » rajoute Papa.

Le mouton de Jean-Christobal s’ennuie donc,dehors, tout seul , dans la neige, le froid et le noir.

Alors il fait des boules blanches et encore des boules et les lance vers la fenêtre de l’étable grande ouverte.

Elles atterrissent sur la tête du petit Jésus couché dans la crèche et voilà qu’il se réveille et qu’il pleure, lui aussi.

Marie accourt , prend le bébé dans ses bras et lui donne le sein. Il se calme ,il tète. Cela lui fait du bien.

Le mouton de Jean-Christobal a faim lui aussi, mais l’herbe sous la neige , n’est pas ce qu’il y a de meilleur à brouter pour l’estomac :cela engendre dans le ventre des ballonnements insupportables .

« Bêlons un peu , d’abord …doucement »se dit il en lui même … histoire de voir ce que cela donne comme résultat. Exceptés quelques rots et pets supplémentaires…point de réaction à l’horizon.

« Passons à la vitesse supérieure »pense alors le mouton devenu têtu comme l’âne d’à coté.

C’est un tel concert que  Joseph sort de son étable , rouge fâché de tout ce chahut.

-« Vas-tu bientôt te taire, tu vas  réveiller mon fils adoré » hurle t-il à l’animal , plein de rage.

Mais Jean-Christobal et son mouton  crient dehors de plus en plus belle,de plus en plus fort .

Joseph, alors, à bout de patience, ne voit plus qu’une solution bien sage.Il empoigne la bête et son pleureur de maître,les dressent sur ses épaules charpentées, entre dans l’étable et dépose le tout, dans la mangeoire pleine de paille.

Ensuite ,il s’en va se coucher près de Marie et de l’enfant emmailloté.

Une douce nuit , pleine d’étoiles, va pouvoir enfin commencer.

C’était ,il y a 2000 ans après JC.

Jean-Christobal a quitté ,depuis, le château , la famille et les titres.

Il crèche maintenant là haut sur la montagne. Il garde et élève des moutons et  de jour comme de nuit ,il garde chaud ,contre  lui, sous sa capeline, son livre unique « la Bible »

Cela n’a rien à voir avec le petit catéchisme !

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Commentaires
N
Beau récit, avec à la fois de l'humour décalé, de la poésie, de la gravité. Bravo !
C
C'est un petit clin d'oeil à un souvenir d'enfance.<br /> Le mouton (en céramique) de mon frère n'était jamais placé(par mon père et ma mère)près du petit Jésus dans la crèche le jour de Noël...Il était placé hors de l'étable...car il n'avait pas bien travaillé à l'école.<br /> Cela me rendait très triste cette punition.<br /> Charlotte.
C
Charlotte, voilà un conte de Noël qui fait réfléchir<br /> un peu...beaucoup...
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