Art Moderne... ( Pati )
- "Chââârles! venez donc voir ça! c'est tout simplement fa-buleux..."
- "ah Marie-Agnès, mais c'est... ahem... j'en reste sans voix..."
- "mais zenfin, Chârles... mon cher, ne voyez-vous donc pas ?? allons...
mais notez! ces grandes lignes droites, symboles de nos idées reçues,
regardez cette puissance dans le non-dit..."
- "ah, mais complètement, com-plè-te-ment! tout simplement gé-niaaal..où
avais-je les yeux, franchement... ."
- "sur le popotin d'une de ces filles je suppose, comme de coutume,
Chârles...vous pouvez être d'un vulgaire, parfois, ça me sidère..."
- "allons, allons, Marie-Agnès, n'exagérons rien, hum hum..... or donc,
vous souligniez à l'instant cette force du non-dit, mais... permettez-moi
de m'insurger... il me semble, à moi, pourtant, comme le cri qui
soulignerait l'effort pour aller de l'avant... comme le flambeau de notre
lutte pour le progrès..."
- "et puis, franchement, le choix du blanc, dans ce... cet uniforme, car
ç'en est un, évidemment. tout simplement... grand."
- "ah, là, je vous rejoins, très chère, c'est grand, je dirais même, c'est
incroyaaable comme c'est grand... le blanc renforce cette impression de
lutte entre les deux personnages, non? l'un allant de l'avant, coute que
coute, quel qu'en soit l'effort demandé, c'est l'innocence du futur,
nullement entaché par quelque tare que ce soit..."
- "absooooooooolument, Chââârles !! quant à l'autre, voyons... mais bien
sûr! comment disait ce stupide anglais, déjà... ah oui! élémentaire, mon
cher Châââârles, c'est la subliiiiiiiiiiime représentation d'un passé
régressiste, qui ne veut que retenir l'avancée inexorable de l'humain,
lancé sur la route de son destin et..."
- " ah ah !! oui, ma très chère Marie-Agnes, mais hem ... ne nous égarons
pas, n'est-ce pas... je connais votre puissance d'élocution, et votre
grande culture artistique, n'est-ce pas, mais ..."
- "mais quoi, mon pôôvre Chârles.... ah oui ..... bien sur.... vous n'êtes
qu'un homme, ai-je saisi l'allusion? et vous avez faim, je présume... or
donc, allons restaurer votre estomac, Chârles, je suppute que votre
cerveau ne fonctionnera plus sans apport neuf de gras et de vin rouge..."
Le couple s'éloigne, continuant ce ballet de piques pas si gentilles, ce
faux intéret pour l'art, qui ne leur permet qu'un vague étalage de leurs
fausses connaissances....
Paulo et Momo s'approchent à leur tour ; leur pause casse-croute est
terminée.
- " Allez, mon Paulo, c'est pas le tout, mais faut finir de ramener ces
foutus mannequins chez Marceline, pour qu'elle les habille pour la collec'
d'hiver... Ah ouaip!! pis, au passage, tu m'expliqueras comment qu't'as
fait pour les coincer comme ça, hein... on va s'marrer, tiens, pour les
bouger, maint'nant..."
- "Bah, Momo!!, c'était ça, ou c'était cassage de gueule assuré, hein...
me suis dit que si je bloquais le bras gauche contre le meuble là, tu vois
? et l'autre, le bras droit, dans les spots, ben y tomberaient plus, et
nous laisseraient bouffer tranquillou, quoi..."
ET Paulo et Momo, chargés de leur double fardeau, s'éloignent à leur tour,
ignorant tout de la contribution ex-tra-or-di-naire et fa-bu-leu-se,
qu'ils ont involontairement apporté aux futures conversations dinatoires,
chez les snobs du coin....
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