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Paroles Plurielles
24 mars 2006

La réunion de famille (Elvire)

Ils sont entrés, se sont assis bruyamment…Elle a entendu les bancs racler le plancher légèrement puis plus lourdement quand ils se sont assis de chaque coté de la grande table…ils se sont saisis des bols devant eux, attendent maintenant en riant que la soupe soit prête…

Sans même se retourner, elle reste à ses fourneaux, elle goûte au bonheur de les savoir tous attablés… c’est un plaisir si rare de retrouver assis ensemble ses six petits devenus grands… ils sont tous là, même petit Pierre, ils ont traversé le temps, et la peine, les maladies, les chagrins et les bonheurs et ils sont tous là ce soir à nouveau, près d’elle …

Alors, elle se retourne, et leur demande tout à trac si ce soir, ils aimeraient des pescajounes pour dîner, ou bien un fard à la soupe, si la route n’était pas trop longue, si Sophie ne voudrait pas traverser le village pour chercher le pain et une fouasse pour le petit déjeuner demain, s’ils veulent à la veillée faire une partie de cartes ou bien grimper jusqu’au foirail, si …

Elle sent bientôt qu' arrive une main sur son épaule, l’infirmière lui sourit :

«  Allons, mémé Jeanne, vous parlez encore toute seule ? Venez, il est grand temps de se coucher… »

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Commentaires
S
Sublime. Compliments émus. C'est trop beau.
E
oui, mais le 46 c'était les vacances et l'été ... sinon, c'était moins 4 chiffres et là; c'était moins glamour, et maintenant c'est plus deux par rapport au tien (de département) et c'est assez ... acqueux ...
P
le lot... ah mais je comprend mieux pourquoi certains textes chez toi me parlent...!!<br /> <br /> je suis une voisine d'origine... plus proche de la garonne que toi, juste un numéro nous sépare sur la certe des départements ;-)
A
Quelle fin de texte... Après nous avoir emmenés là où tout n'était qu'évidence et joie d'être... tout semblait si simple... mais rien n'est jamais si simple..<br /> Pourtant, la vie, de toutes façons..<br /> Merci Elvire..<br /> Bonne nuit et doux rêves, Mémé Jeanne..
C
Elle a raison, la mémé Jeanne, de se parler... Mais, assurément, elle n'est pas toute seule. Ils sont là, plus comme avant, mais ils sont là. C'est ça qui lui donne la force de vivre, le souvenir des jours heureux ... une posologie à prescrire plus souvent ... et pas seulement aux vieux! Ton écriture, Elvire, a la saveur de la tendresse, de la force tranquille d'un regard qui n'a pas besoin de se retourner (vers le passé) pour goûter aux souvenirs des bonheurs engrangés au fond de nos coeurs!
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