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Paroles Plurielles
11 avril 2006

PARTIR ( Amanda )


Il regarde la mer mais ne la voit pas.
Ce qu'il voit, c'est la terre
La terre au-delà.
Cette terre promise, cet Eldorado
Qui hante ses rêves.

" Partir"...
Quitter à jamais cette terre ingrate, de sable et de misère.
Ce Maroc où seules de vieilles femmes
Peuplent les villages désertés.

Il sait qu'il faut fuir.
Il ne peut plus respirer
L'air de ce pays
L'air pollué par la corruption
Et la torture policière.

L'injustice, la pauvreté, l'impuissance
Il ne supporte plus !
Car là-bas, de l'autre côté
L'Espagne l'attend.
Sa vie, son avenir est là
Il le sait, il le sent.

15 km à peine pour traverser.
Quelques sales petits boulots
Lui ont permis d'épargner.
Cette nuit, il partira,
Il peut payer la traversée
Au passeur d'hommes.
Il regarde, il attend
Le coeur gonflé d'espoir.

Cette nuit, la Guardia Civile coulerait son bateau
Il se noyerait dans l'eau glacée,
Mais cela,

Il ne le savait pas encore.

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Commentaires
N
Très beau texte !<br /> Un petit bémol cependant sur les éléments d'actualité évoqués : je ne pense pas que le Maroc soit actuellement encore un pays où la "torture policière" soit très répandue (ce n'est certes pas le paradis, mais on n'est plus à l'époque des années noires du règne de Hassan II). D'autre part, je ne pense pas non plus que la Garde Civile espagnole "coule" des bateaux de clandestins. Les immigrants qui meurent dans le détroit de Gibraltar, que je sache, se sont noyés parce que leurs embarcations ont fait naufrage "naturellement", ou parfois ont été passés par dessus bord par des passeurs mafieux. Attention à ne pas diaboliser systématiquement les "pays riches"...
P
j'aime beaucoup la forme de ce texte, poésie non conforme, poésie libre, joli chant que le tien, amanda. <br /> mais pourquoi une fin si terrible ? chaque départ est-il une telle déchirure ? chaque voyage est-il voué à un tel échec ? mon coté obstinément positif a du mal à adhérer à une vision si noire de la vie, même si je sais que, malheureusement, elle est souvent le reflet d'une réalité... <br /> pour le coup, j'aurais aimé une fin "ouverte", qui laisse le choix au lecteur d'un "happy end", ou d'un "reality end"
P
Dur, terrible, humain, tragique... Et cela arrive si souvent. Et cela ne nous empêche pas de dormir. Et cela n'empêche malheureusement pas les réflexions xénophobes... Et pourtant, dans certaines circonstances, cela pourrait arriver à chacun de nous.
C
Ah oui!Amanda...c'est le sujet du livre de Amin Malouf que tu m'as prêté...<br /> La tragédie au quotidien pour ces gens...<br /> Tu rejoins Pivoine...décidément<br /> Merci en tous cas pour ce petit texte balancé comme un poème pas "poétique" du tout<br /> (je veux dire poème-petits-zoiseaux-et tout et tout)
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