La Dame du Nil ( Amanda )
La felouque descend lentement le Nil bleu.
Entre Louxor et Assouan, le fleuve se teinte parfois de vert émeraude étincelant
Suivant ainsi les caprices de Râ, le Dieu Soleil.
Un vent léger soulève les longues tiges de papyrus qui, paresseusement
Balaient la rive.
Au loin passe un âne.
Un bufle broute l'herbe rare.
Un vent léger soulève les voiles de la Reine d'Egypte,
Etendue sur son haut lit en roseaux dressé sur le pont.
Deux colosses nubiens dont les tuniques blanches
Recouvrent la peau sombre
Se chargent de chasser mouches et autres insectes
A l'aide d'éventails géants.
Nul ne viendra troubler la sérénité de la toute puissante Hatchepsout,
Nul, à part la brise n'ose toucher la Grande, l'Unique.
Hatchepsout, auto-proclamée Pharaon d'Egypte,
La seule femme à jamais porteuse du titre sacré,
Hatchepsout qui, à la tête de son armée, chasse l'ennemi hors de l'Egypte
Hatchepsout, qui pêche à main nue les perches du fleuve,
Hatchepsout, qui ne craint personne sauf les Dieux,
Et encore car Horus la protège et la douce déesse Hathor veille sur elle.
Ce soir, Hatchepsout hésite, en sirotant son cocktail de jus d'hibiscus...
Qui aura l'honneur de partager sa couche cette nuit ?
Elle n'a qu'un nom à prononcer...
Celui de l'esclave qui l'adore et qu'elle chérit en secret.
Celui-là même qui érige pour elle un temple dans la vallée des Rois
Son temple, auquel elle tient tant
Son architecte Senmout...
Ce soir, Hatchepsout suivra son coeur,
Elle ne craindra personne et défiera le monde
Elle ne commettra plus la même erreur, erreur de jeunesse,
Au temps où peu importe leur nom,
Ses amants, elle les aimait bronzés, polis par le vent et l'eau
Chauds et...bien cuits.