J'attends qu'advienne ma renaissance (Coquelicot)
J’attends. Je suis jeune encore, je ne suis qu’un enfant. J’ai donc toute la vie devant moi, tout le temps ! Couché sur le dos, je suis tout à mon attente… Je ne regarde rien, je ne sens rien, j’écoute… J’écoute mon ami des sables qui, par la magie de quelques traits de bord de pelle, a pris vie et est en train de transformer la mienne. Plus rien n’existe, sauf moi et lui ! Lui et ses histoires de marées, les montantes et les descendantes, ses histoires de tempêtes, de déferlantes, ses histoires de moules, de crabes et de crevettes. Il a tout connu, me dit-il, mon ami des sables ! Il existe depuis la nuit des temps et règle le va-et-vient des vagues, des coquillages … et des boulettes de gasoil ! Couché sur le dos, mimétismimé par ce nouvel ami qui remplit mes oreilles de légendes, de naufragés, de naufrageurs, j’attends de vivre avec lui ces nouvelles aventures de marins, de pêcheurs, de baleine ou de sardine. J’attends de devenir sable, mer, vent et marée. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là. Le temps n’existe plus, je suis ailleurs, je suis un autre, je suis devenu l’enfant de l’ami des sables … je suis là, moi aussi pour une éternité ! Puisque j’y suis, j’y reste ! Dans mon fort intérieur, je l’ai promis à mon nouvel ami … j’attends qu’advienne ma renaissance et cette complicité avec celui que je suis seul à comprendre et qui est seul à me comprendre. C’est pour cela, pour lui, pour moi que je reste, que je ne bouge pas, que je ne bougerai plus … jamais !
N’empêche, j’ai furieusement envie de me relever et de courir jusqu’à la mer … j’ai tellement besoin de faire pipi !