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Paroles Plurielles
16 septembre 2006

Petit déjeuner. (Pati)

C'est l'odeur du café frais qui l'a réveillé. Odeur sournoise qui s'insinue dans tout son corps alangui et lui scande "Lève-toi ! Viens me boire, viens..." Abandonnant le doux cocon de sa nuit, ses pieds se traînent, guidés jusqu'à la cuisine par l'odeur du brun nectar. Elle est déjà debout, bien sûr.

Toute à son travail, elle s'affaire et ne le voit pas entrer. Il s'assoit silencieusement et la regarde oeuvrer. Maintenant qu'il est là, il sent une nouvelle odeur, une odeur chaude et appétissante, que lui masquait auparavant celle forte et puissante du café. Du pain ! Elle a fait du pain ! Un sourire gourmand naît sur ses lèvres et il imagine déjà le beurre fondre lentement sur la belle tartine qu'il va bientôt tremper dans son café tout frais... Déjà, elle ouvre le four, en sort une miche ronde et croustillante, la pose sur une grille pour qu'elle tiédisse tranquillement. Puis elle s'empare d'un saladier recouvert d'un torchon. "Mmmhhh, elle va en faire un autre..."
Elle chantonne.
Après avoir ôté le torchon et tâté d'un doigt sûr la consistance de la pâte, elle plonge une main dans le bol de farine et envoie une giclée de poudre blanche se déposer sur la table. Elle s'empare ensuite du pâton et le claque avec vigueur sur la table enfarinée. Un fin voile blanc se soulève et l'enveloppe lentement dans un flou ouateux ; ça la fait rire. Comme toujours, la voir rire emballe son coeur et réchauffe son ventre...
Il a chaud.
Elle farine soigneusement ses deux mains et commence un lent pétrissage ; sous les doigts agiles, la boule s'écrase, éclate, s'étire en un long serpent qu'elle roule d'avant en arrière sur la table et qui s'allonge, s'allonge... Et puis, par un geste savant qu'il n'arrive jamais à déceler, la boule se reforme et tout recommence. Chaque geste fait rouler les muscles fins sous la robe, dessine les courbes de ce corps qu'il connaît si bien, amène quelques gouttes de sueur qui roulent sur la peau et vont se perdre entre les seins. Elle passe une main dans son cou, tentant de happer au vol cette humidité qui la chatouille et laisse un long sillon blanc sur sa peau. Il le suit des yeux, ce sillon qui invite au voyage. Ses mains ont des envies d'aventure, de découvertes chaudes et vallonnées. Il s'arrache tant bien que mal à cette vision tentatrice et percute le regard de deux yeux verts qui pétillent.

Allons bon ! Elle devinera donc toujours ses émois ! "Tu m'as entendu arriver ?" Elle sourit, silencieuse et magnifique dans la lumière matinale de ce matin d'été.
Elle lui tend un couteau. Rituel immuable. C'est lui qui doit toujours trancher la pâte, avant de l'enfourner. Sans la lâcher des yeux, il passe la lame fine sous un filet d'eau et vient la promener sur la surface tendue de la boule ventrue. A petits coups secs et précis, il l'éventre en croisillons, chaque paroi s'écartant lentement, offrant aux regards la promesse d'une mie tendre et moelleuse... Elle s'empare de leur oeuvre et l'enfourne. Ils échangent un regard lourd d'envie.

"J'ai faim" dit-il. "Viens..."

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Commentaires
P
comme quoi l'inspiration est propre à chacun :)<br /> <br /> perso, c'est la toute première chose qui m'a traversé les mains ;)<br /> <br /> merci dalhia (nouvelle ?)
D
très joli texte !<br /> <br /> j'ai adoré l'idée d'associer la cuisine et la sensualité, j'y aurai pas pensé ! :-)<br /> <br /> ya des belles images, et c'est vrai que ça donne drolement fain !
P
lol !<br /> <br /> bon appétit, théo ;)
T
Je ne dis rien, j'ai la bouche pleine.
P
amanda, zut, j'aurais dû coller le chat de la boulangère quelque part alors ;)
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