Le violoncelle noyé. (Pivoine Blanche)

Je ne l'aime pas, mais tant pis !
La partition doit se jouer
De la première à la dernière mesure

Symphonie?
Cacophonie?
Messe des morts?
Dieu déesse
Génie glaciaire
Sombritude des arpèges
Sombritude des abysses
Le navire s'incline
Le bois gémit

Les doigts crispés sur l'archet
Je maintiens l'instrument énorme
Entre mes courtes jambes.
Je ne t'aime pas,
Ô mon navire
Je vais mourir
Comme toi
Comme le tremblant des âmes

Mais cette oeuvre à jouer
Pendant l'abîme
Je ne t'aime pas
Mais tant pis!

Ne pas être si dur, avec ce concerto
Dans ce nocturne avril
Ne pas être si grave, si distendu
Ce ne sera qu'un souvenir
Ce ne sera qu'une épave

Juste une partition
Dont je tourne les pages
Une à une

Pour mon éternité

Comments

[Pivoine]

Oui, mais finalement, j'aurais pu la "nommer", cette nuit d'avril. "Le violoncelle du Titanic". Je ne sais pas comment cela se passe, cela va tellement vite. Je commence à écrire, et tout d'un coup une vision s'impose à moi: la nuit du Titanic. Et dans le fond, ce n'est pas mal imaginé, je suis allée faire une recherche sur le peintre, il a peint, notamment, des scènes de concert à Carnegie Hall. Mais je devrais retravailler ce texte...

[colette]

Tu joues avec les mots, tu les manipules, tu les crées pour le plus grand bonheur de la musique...la musique des mots. Tu offres une jolie partition littéraire dont je suis la tourneuse de pages...
Merci!

[pati]

ah ton texte pivoine!

c'est poignant. je les vois, ces musiciens qui jouent, encore et encore
jusqu'au bout, envers et contre tout... ils accompagnent l'Histoire, en
cette nuit d'avril, si j'ai bien décrypté, hein ? ;)
tu as le don de faire souvent entrer dans tes textes des évènements réels,
fondés mais tu les fusionnes avec ton talent et du coup, ton incroyable
érudition n'est jamais péremptoire, non, elle nous amène au contraire à
revisiter ces faits d'"un autre oeil...

"Ô mon navire
Je vais mourir
Comme toi
Comme le tremblant des âmes"

que c'est beau... le tremblant des âmes... très belle formule que je ressens
parfois.
merci à toi, Pivoine :)