L'Enfant (Monchanie)
Je ne l’aime pas mais tant pis. « Allez, fais moi plaisir, retournes-y…» que me dit Maman chaque mercredi après-midi où je rechigne à y aller à ce cours.
Mais elle se saigne aux quatre veines Maman pour me les payer ces cours. Je sais qu’elle se prive, qu’elle économise sur les pourboires qu’elle touche dans le salon où elle travaille.
Elle veut que j’aie une meilleure vie que la sienne qu’elle me dit, elle veut que je voyage, que je voie du pays, que je porte de beaux habits et que je rencontre du beau monde, pas comme elle, coincée dans son salon de coiffure à voir toujours les mêmes têtes, à entendre toujours les mêmes discours.
Je sais Maman, je sais, mais moi j’ai pas forcément envie de tout ça dit. J’ai pas envie de vivre la vie que tu aurais voulu avoir à ta place. Je suis bien moi dans notre petite vie, toutes les deux, dans notre quartier qui ressemble à un petit village. Je préfère aller jouer avec mes copines dans le square plutôt qu’aller faire mon solfège. Je veux pas d’une grande vie, avec pleins de belles robes, pleins d’hôtels quatre étoile, pleins de beaux messieurs qui me feraient la courbette.
Mais je veux pas te faire de peine, Maman, alors je vais y aller encore un peu à ce cours et j’espère qu’un jour tu comprendras que tout ce que tu m’apportes sans te sacrifier me rend bien plus heureuse que ces perspectives d’heure de gloire.