L’amour ennemi (Charlotte)
Je ne l’aime pas mais tant pis…
Je pense et parle à l’envers
Avec des »pas »
Avec des « mais »
Avec des « si »
Je le dois :
C’est une question de mort ou de vie.
Je dis le contraire de ce qui se griffe dans mon cœur,
Je sanglote quand rient les violons de l’automne,
Et je rigole quand les larmes chatouillent mes cils.
Je ne l’aime pas.
Je l’écris.
Je le dis et le redis mille fois.
Je le crie pour les convaincre.
Ils ne me croient pas.
Ils disent qu’ils m’ont vue avec lui.
Ils disent que je dois tout dire.
Ils disent que c’est la vérité,
que je suis coupable,
que c’est une faute très grave,
que mes circonstances sont aggravantes,
que je suis une honte pour le pays.
Ils disent que je vais être punie,
que je vais le payer,
que tous mes cheveux vont y passer.
Je n’ai pas d’armes pour attendrir.
Un amour ennemi m’est tombé du ciel en ce temps de guerre.
Un amour interdit me tend les bras et me déchire dans ma patrie et mon
vertige.
Et tandis que « les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon
cœur … »
Tandis que « les sanglots longs des violons » annoncent la victoire, la mort
de mon cœur…
Ils débarquent encore une fois avec leurs sales pattes,
Ils retournent ma tête, exigent un aveu, un repentir.
Alors j’hurle avec toute ma foi, je nie :
« Non je ne l’aime pas, je ne connais point cet homme là »
Personne ne me croit.
Tant pis …