Vas-y !!! (Marie)
Au matin le verre était vide. Et elle aussi, vide... Elle n’avait plus rien à lui offrir.
Elle marchait le long de la falaise. Les vagues frappaient la roche, en rythme lancinant, en écho avec ces tourments… Le cœur au bord…
Elle vit l’oiseau qui tournait en spirale dans le ciel.
- Vas-y… pars…. Toi tu peux, vas-y, va t-en là-bas, l’horizon t’appelle… cria-t-elle à l’oiseau. Moi, je ne peux plus, je ne peux pas… Je ne peux pas le laisser, il a besoin de moi.
- Mais si, dit l’oiseau, tu peux, tu peux partir toi aussi, viens je t’emmène…
- Mais ? mais… comment ?
- Viens… viens ! lui crie-t-il. Regarde là-bas… un nouveau jour… la lumière… l’horizon… tu peux le rejoindre !
- Mais… mais ? Et lui ? Mon cœur, je ne peux pas le laisser…
- Emmène-le ! Il est toi, en toi. Ta lumière ! Tu peux aller, tu peux te laisser emporter par delà les océans… Laisser là ces barrières, ces limites que tu t'imposes… Ce brouillard, ce qui te brouille l’esprit, c’est juste un voile, juste des illusions… Là-bas est l’horizon, ton désir, si tu veux le rejoindre, il suffit de le décider… Viens suis moi… chante l’oiseau, je te montre le chemin…
- Mais je ne peux pas, je suis accrochée, je suis enlisée, envasée, à lui… Sa maison, sa montagne, son socle… Je ne peux pas partir. Regarde-le… qu’est ce qu’il me tend ? Qu’est ce qu’il veut de plus ? Je lui ai
tout donné. Je suis tout pour lui. Il ne comprend pas pourquoi je veux m’en aller… Et puis… Pour aller au
delà de l’océan, il me faut un bateau…
- Mais regarde toi ! Tu es l’arche ! Tu peux voguer sur les flots ! lui dit l’oiseau, rien ne te retiens ! Vas-y… Puisque tu en as envie !!!