Oma tint le vert été vide. (Cyan)
Oma tint le vert été vide.
Oui, vide il le fut, cet été. De silence en langueur. De glissements de pas sur le parquet ciré en petits raclements de gorge à force de ne rien dire...
Les parents étaient partis et il fallait attendre, dans la moiteur de l'été, entre les grands parents, qui ne parlaient que l'allemand et ne se disaient plus grand chose...
Accompagner chaque matin Opa au village pour y faire les courses. Un kilomètre d'une route bordée de marronniers, que le chien arrose consciencieusement chaque jour, sans en ignorer un seul (quelle vessie !!!). Aider à mettre la table, manger, aider à débarrasser.
Et puis, la sieste, parce qu'ils voulaient en faire une eux aussi. Opa dans le fauteuil du salon, Oma dans son lit.
Dans le silence de ma chambre, j'essayais de m'endormir, pour que le temps passe plus vite. Je regardais la poussière dans les rais de soleil que laissaient filtrer les volets, en me demandant par quel mystère les particules remontaient au lieu de tomber...
Enfin, l'heure du jardin. D'énormes bouquets de menthe nous accueillaient Opa et moi. Et j'avais l'impression de plonger dans le vert. Ensuite, à la sortie de l'odeur, il fallait ramasser, cueillir, arracher, retourner... Le soleil brûlait le bas du dos, la terre sentait le frais quand on la retournait. Les groseilles à maquereaux piquaient un peu les lèvres, certaines framboises s'effondraient dans la main avant d'arriver à la bouche... Enfin le temps courait, dans ce toujours trop court intermède.
Puis, avec Oma, on équeutait, on épluchait, on lavait.. L'odeur des confitures et les casseroles à lécher, les gâteaux qu'il faut piquer avec une aiguille à tricoter pour voir s'ils sont bien cuits... Mais rien à se dire, et quand bien même, je ne comprenais ni ne parlais l'allemand...
Le repas, la vaisselle, une dernière petite promenade jusqu'au petit ruisseau, pour que le chien rende hommage à d'autres arbres...
Les pieds dans l'eau fraîche, les reflets du soleil couchant entre les buissons, les éclaboussures du chien courant chercher un bâton dans l'eau... Et l'odeur du soir au bord de l'eau, quand il commence à faire un peu plus frais. L'heure d'aller se coucher.