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Paroles Plurielles
10 octobre 2006

Oma tint le vert été vide. (Cyan)

Oma tint le vert été vide.

Oui, vide il le fut, cet été. De silence en langueur. De glissements de pas sur le parquet ciré en petits raclements de gorge à force de ne rien dire...
Les parents étaient partis et il fallait attendre, dans la moiteur de l'été, entre les grands parents, qui ne parlaient que l'allemand et ne se disaient plus grand chose...

Accompagner chaque matin Opa au village pour y faire les courses. Un kilomètre d'une route bordée de marronniers, que le chien arrose consciencieusement chaque jour, sans en ignorer un seul (quelle vessie !!!). Aider à mettre la table, manger, aider à débarrasser.
Et puis, la sieste, parce qu'ils voulaient en faire une eux aussi. Opa dans le fauteuil du salon, Oma dans son lit.

Dans le silence de ma chambre, j'essayais de m'endormir, pour que le temps passe plus vite. Je regardais la poussière dans les rais de soleil que laissaient filtrer les volets, en me demandant par quel mystère les particules remontaient au lieu de tomber...

Enfin, l'heure du jardin. D'énormes bouquets de menthe nous accueillaient Opa et moi. Et j'avais l'impression de plonger dans le vert. Ensuite, à la sortie de l'odeur, il fallait ramasser, cueillir, arracher, retourner... Le soleil brûlait le bas du dos, la terre sentait le frais quand on la retournait. Les groseilles à maquereaux piquaient un peu les lèvres, certaines framboises s'effondraient dans la main avant d'arriver à la bouche... Enfin le temps courait, dans ce toujours trop court intermède.

Puis, avec Oma, on équeutait, on épluchait, on lavait.. L'odeur des confitures et les casseroles à lécher, les gâteaux qu'il faut piquer avec une aiguille à tricoter pour voir s'ils sont bien cuits... Mais rien à se dire, et quand bien même, je ne comprenais ni ne parlais l'allemand...

Le repas, la vaisselle, une dernière petite promenade jusqu'au petit ruisseau, pour que le chien rende hommage à d'autres arbres...

Les pieds dans l'eau fraîche, les reflets du soleil couchant entre les buissons, les éclaboussures du chien courant chercher un bâton dans l'eau... Et l'odeur du soir au bord de l'eau, quand il commence à faire un peu plus frais. L'heure d'aller se coucher.

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Commentaires
C
Cyan, bienvenue sur PP<br /> De loin (à Toulouse où je me trouvais) j'ai lu ton texte<br /> Oui, je le trouve bien écrit, il y a toute une atmosphère de l'ordre de l'intime bien décrite, et de manière sensorielle, c'est une qualité.<br /> Mais c'est vrai que je demandais de s'aligner sur la photo et d'en faire quelque chose de "surréaliste"<br /> Mes consignes varient de quinzaine en quinzaine, et donnent l'occasion de s'exercer à plusieurs styles d'écriture différents...<br /> Il faut en "profiter"...<br /> Ce n'est pas une critique mais une invitation à suivre les consignes, qui ne sont pas des freins, loin de là, mais des ouvertures vers une écriture différente de celle qu'on utilise d'hab...<br /> Ce qui n'e^mpêche que ton écriture est belle: je me réjouis donc de découvrir un prochain texte
D
en Cyan qu'on devient scieur.<br /> <br /> Non ?
C
Merci beaucoup pour vos commentaires, vos encouragements et vos critiques tout à fait justes. Le texte m'a "jailli des doigts" et j'en ai oublié des aspects de la consigne. <br /> "C'est en lisant qu'on devient liseron !"
P
En dépit du fait qu'il ne suit pas la consigne, j'aime ton texte, la façon dont les mots s'alignent et chantent le silence si plein de poésie, de tendresse, de complicité aussi.<br /> <br /> Ce que tu décris me rappelle ce que j'ai vécu durant quelques journées de randonnée avec mon papa, lui si peu bavard.... et où j'ai découvert à travers les longs silences vécus, une vie intérieure intense, un réel don d'observation et son sens de l'humour. Et dire que bien des membres de ma famille pensaient qu'il ne pense à rien quand il est assis à ne rien faire!!!!
P
L'image de départ est plutôt lunaire. D'emblée, ici, avec le "vert été", on est dans le solaire, c'est-à-dire dans "l'antonymie". Je ne sais ce qu'en pensera la maîtresse de céans, mais il me semble que dans ce cas-ci, tordre la consigne donne un heureux résultat. Ce texte en prose poétique est délicieux... <br /> <br /> Il y a une magnifique sensualité aussi, dans le regard que le personnage pose sur chaque objet, jusqu'aux particules de poussière dans la lumière. On y sent vraiment la chaleur de l'été, le temps qui s'écoule, goutte à goutte. <br /> <br /> Cela me fait penser à du Francis Jammes. Tiens oui... Aux Jeunes filles de Francis Jammes, Clara d'Ellébeuse, Pomme d'Api...
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