Adultères (Poème de Vie)
Au matin, le verre était vide. Pour la première fois depuis des mois, le chagrin s’était retiré, avait abandonné ses gouttelettes moroses sur un autre causse. Rien à noter sur mon calepin ! Météo du cœur, zéro millimètres de rancoeurs ! Curieux vide blanc après tant de pages noircies de statistiques infernales. Un tout petit trait rectiligne horizontal ! Dans les ténèbres lugubres de mon imaginaire bouleversé, une forme étrange trace ses courbures irréelles sur un horizon aux lueurs querelles. Un monstre sortant de sa torpeur, encore visqueux et alangui par tant de sombres ressentis, étire sa mélancolie, malaxe intensément ses tristesses et transgresse ses peurs. Et la lézarde est apparue
Soudainement, avec une violence désordonnée, elle s’écarte et se déchire dans un crissement grimaçant pour donner naissance au visage bouleversant d’une jeune femme perse, traits singulièrement douloureux, lueur incisive et blessante de son regard de détresse traversant le noir du bandeau recouvrant sa vue. Elle est là, debout comme à fleur de rocher, à laisser sa vie pour avoir aimé la vie. Une main encore se tend, lâchant dans la matin verdâtre une pensée d’espoir…. elle semble pouvoir frôler le rose céleste… Vision fugitive, tel l’oiseau qui traverse, en un éclair, ce bout de ciel amer. Car vaine est la peine, froide est la plaine ! Les bourreaux sont là, éclairant de leurs caméras de poche les plus petites insinuations, s’infiltrant jusque dans l’intime le plus profond, jusque dans les abîmes de la vie pour la faire taire à jamais ! Croyances erronées ! Imaginations sordides et déformées ! Noé, qu’as-tu donc sauvé ? Là sur le mont sacré, tout n’est plus qu’informités et le vert désespérément englué !