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Paroles Plurielles
14 octobre 2006

Amen. Pas d'alléluia ! (Coumarine)

Au matin, le verre était vide.
Vide. A terre. Brisé. Traversé de ses éclaircies.
Miroitant ça et là de fragments dérisoires tout au fond du rien. Sémaphore strident tellement aigu qu'il en est inaudible.

L'oiseau sans ailes, petit prince inachevé, s'est écorché la peau tendre du dedans. L'oiseau sans ailes, petit prince handicapé, s'est revêtu de la peau calleuse du dehors. Les doigts décrispés hors de son poing suppliant, il implore les trouées de lumière.
Mais...la lumière est un peu sourde, il faut le dire, Dieu l'a désertée depuis longtemps.

Il est l'heure de rêver à l'envers, l'heure de passer de l'autre côté du miroir, l'heure d'oser le pas d'une danse sacrée.
La bête dans l'abîme s'est endormie de son pesant sommeil. Elle a déserté la tour dans laquelle le Roi Guerrier a enfermé sa femme jolie. Aux ailes coupées, clac.
Dans la forteresse, le repos du guerrier. Et la femme jolie.
Et dans les ravins profonds et sombres, sur un terrain d'indicibles, la bête veille encore de tous ses fragments jaloux. Couteaux dans la nuit. Le secret est gardé ad vitam aeternam. Amen. Pas d'alléluia…
Au matin le verre était brisé, c'est vrai.
Mais ce soir, ce soir, la femme jolie chevauchera la lumière, orpheline volontaire de tous les "ailleurs" encrés de ses secrets.

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Commentaires
P
Une fois de plus, je suis touchée profondément par ton texte. Je ne peux pas dire exactement ce que c'est. Sont-ce les mots, est-ce ce qu'il y a au-delà des mots? Peut-être les deux....<br /> <br /> Je n'en dirai pas plus, me sens comme Alain aussi, devant un grand silence ....<br /> <br /> Merci Coumarine.
C
S'envoler de l'autre côté du miroir,<br /> Vivre sa vie à l'envers,<br /> Apprivoiser mille et un ailleurs,<br /> Rapiécer son coeur du dedans,<br /> Se griser de lumière,<br /> Naître enfin...<br /> <br /> Une perle est née de ta plume...<br /> Je suis fière d'être ton élève...
S
Je commence à cerner comment tu fonctionnes, association d'idées et imaginaire libéré. Que dire de plus ? J'arrive un peu tard, et mes co-scripteurs ont déjà commentés dans tous les sens, évoqués leurs impressions et leurs visions, leur ressenti et leur admiration.<br /> <br /> Que dire de plus ? J'ai été frappé par le côté synesthésique des premières phrases, attitude baudelairienne de fabrication de correspondances ; les sémaphores ont l'éblouissement strident et la lumière est sourde. Peut-être en est-il ainsi parce que l'on est au delà des apparences, de l'autre côté du miroir ? <br /> <br /> La lumière est sourde, brillant hypallage pour dire que Dieu n'écoute pas. Est-il absent ? Peut-être est-il mort. La lumière sourde me fait aussi penser à la lanterne du fou, ou du philosophe (mais c'est le même), qui parcourait la ville en annonçant la mort de Dieu. Dieu est mort, ou alors il est absent, revenons aux rites sacrés, la danse, les secrets, les tours et les princesses, et les monstres endormis.<br /> <br /> Le verre du miroir est brisé, mais la lumière persiste. Comme les rêves que l'on n'oublie jamais.
W
Il est l'heure de rêver à l'envers, l'heure de passer de l'autre côté du miroir, l'heure d'oser le pas d'une danse sacrée.<br /> Moi aussi j'aime ce programme !
V
Très beau texte.<br /> Intéressant de voir ce que chacun y lis, de si différent, c'est la preuve de la force du texte que de permettre autant d'investissement divers du lecteur.<br /> Pour ma part peut-être est-ce surtout le commentaire d'Alain que je rejoindrais.
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