Amen. Pas d'alléluia ! (Coumarine)
Au matin, le verre était vide.
Vide. A terre. Brisé. Traversé de ses éclaircies.
Miroitant ça et là de fragments dérisoires tout au fond du rien. Sémaphore strident tellement aigu qu'il en est inaudible.
L'oiseau sans ailes, petit prince inachevé, s'est écorché la peau tendre du dedans. L'oiseau sans ailes, petit prince handicapé, s'est revêtu de la peau calleuse du dehors. Les doigts décrispés hors de son poing suppliant, il implore les trouées de lumière.
Mais...la lumière est un peu sourde, il faut le dire, Dieu l'a désertée depuis longtemps.
Il est l'heure de rêver à l'envers, l'heure de passer de l'autre côté du miroir, l'heure d'oser le pas d'une danse sacrée.
La bête dans l'abîme s'est endormie de son pesant sommeil. Elle a déserté la tour dans laquelle le Roi Guerrier a enfermé sa femme jolie. Aux ailes coupées, clac.
Dans la forteresse, le repos du guerrier. Et la femme jolie.
Et dans les ravins profonds et sombres, sur un terrain d'indicibles, la bête veille encore de tous ses fragments jaloux. Couteaux dans la nuit. Le secret est gardé ad vitam aeternam. Amen. Pas d'alléluia…
Au matin le verre était brisé, c'est vrai.
Mais ce soir, ce soir, la femme jolie chevauchera la lumière, orpheline volontaire de tous les "ailleurs" encrés de ses secrets.