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Paroles Plurielles
20 octobre 2006

Une vie. (Elvire)

Du bourg, je suis le notaire.

Ici, notablement, s’écoule ma petite vie.

Aujourd’hui, maman est morte.

Ceci n’a rien de surprenant. C’est le cours normal des choses et tout est bien comme il se doit d’être.

Les quelques bagages qui nous accompagnent sont précisément conçus pour contenir le nécessaire pour ces quelques jours de formalités à accomplir.

C’est que maman avait choisi de finir ses vieux jours près de Menton, dans une très belle résidence pour personnes âgées.

Nous allons donc la chercher, et puis, déménager son petit appartement.

J’ai une famille, comme il se doit.

Hector sera notaire, c’est à lui qu’appartiendra la charge, Elise épousera l’aîné du comte, oui, ainsi soit-il…

Mon épouse m’accompagne aussi, il doit en être ainsi, même si, entre maman et elle, les choses n’ont jamais été faciles.

Je vois bien vos petits sourires un peu moqueurs et vos regards surpris !

J’en ai l’habitude.

Pourtant, il me semble aujourd’hui être comme statufié, comme un peu exposé aux vitrines d’un musée ; ou bien, pâte à sel, comme le jouet d’un petit enfant…

Cela cessera, bien sur : je ne suis pas homme à douter, et c’est ainsi que les choses doivent s’enchaîner.

Et demain, mes enfants, à leur tour, m’accompagneront jusqu’à ma dernière demeure.

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Commentaires
M
j'aime a prêter une vie entière a des personnes croisées dans la rue, dans le train, dans le bus ou même dans mes lectures! ton texte donne cette liberté en effet de trouver quelques rebondissements dans cette vie toute planifiée par le narrateur!! mais si... il arrivait que tous ses projets s'écroulent...<br /> j'ai aimé aussi l'idée du retour à "la statue des pritchards" c'était très amusant de rendre à César...
B
qu'il est tentant d'imaginer que ces petites vies tranquilles sont bousculées, de temps à autres...<br /> Superbe texte, en tout cas...<br /> (d'habitude, je ne viens jamais lire les écrits avant de rédiger le mien... cette fois-ci est une exception... mais je ne me laisserai pas influencer, promis !!!)
B
ru as été plus vite mais beaucoup plus exactement que je ne le saurais le faire - sur cette vie tracée et l'être coincé dedans.
E
Ouh la la ... Merci beaucoup à tous, vraiment !<br /> sammy : oui, j'ai lu l'étranger, voyons, il y a ... vingt ans mais quand on aime ;-)<br /> Pivoine : oui, je vois bien la suite comme ça aussi<br /> Alainx : leric pour ta critique constructive, et que je trouve très juste : tu as raison, si j'ai le temps, je corrige sur mon blog pour demain!<br /> Coum', Fleur , Pati : merci merci :-)
S
Ca commence comme du Camus -tu as l'Etranger récemment, humm ?- et ça se poursuit comme du Simenon, avec les pensées étriquées d'un petit notable de province qui planifie sa vie et celle de sa famille de la même façon qu'il règle ses affaires. Avec rigueur et détachement. Ce n'est pas de l'indifférence. Mais ce n'est pas de l'amour non plus. C'est juste qu'"il doit en être ainsi"...<br /> <br /> Cette vie réglée à l'avance -jusqu'à son propre enterrement- est effectivement aussi triste et ennuyeuse que celle d'une statue en pâte à sel...
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