Une vie. (Elvire)
Du bourg, je suis le notaire.
Ici, notablement, s’écoule ma petite vie.
Aujourd’hui, maman est morte.
Ceci n’a rien de surprenant. C’est le cours normal des choses et tout est bien comme il se doit d’être.
Les quelques bagages qui nous accompagnent sont précisément conçus pour contenir le nécessaire pour ces quelques jours de formalités à accomplir.
C’est que maman avait choisi de finir ses vieux jours près de Menton, dans une très belle résidence pour personnes âgées.
Nous allons donc la chercher, et puis, déménager son petit appartement.
J’ai une famille, comme il se doit.
Hector sera notaire, c’est à lui qu’appartiendra la charge, Elise épousera l’aîné du comte, oui, ainsi soit-il…
Mon épouse m’accompagne aussi, il doit en être ainsi, même si, entre maman et elle, les choses n’ont jamais été faciles.
Je vois bien vos petits sourires un peu moqueurs et vos regards surpris !
J’en ai l’habitude.
Pourtant, il me semble aujourd’hui être comme statufié, comme un peu exposé aux vitrines d’un musée ; ou bien, pâte à sel, comme le jouet d’un petit enfant…
Cela cessera, bien sur : je ne suis pas homme à douter, et c’est ainsi que les choses doivent s’enchaîner.
Et demain, mes enfants, à leur tour, m’accompagneront jusqu’à ma dernière demeure.