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Paroles Plurielles
25 octobre 2006

Ce soir ou jamais. (Pati)

Encore cinq minutes...
Je demande pas plus. Juste cinq petites minutes. Que ce putain de train se pointe et qu'on parte. Enfin ! Mais qu'est-ce qu'y m'a pris, bon sang ? Vingt ans. Vingt ans que je bosse dans ce cirque et voilà que je pète un câble ce soir ! D'accord, elle est belle. D'accord, j'en suis raide dingue depuis le soir où je l'ai vue faire son numéro de dressage de chats. Ok, je sais qu'elle est mieux que moi, qu'elle a de la classe et qu'elle est gentille et douée et...
Ouais d'accord. Elle a les plus gros seins que j'ai jamais vu de ma vie ! Qu'est-ce que vous voulez, j'ai jamais pu résisté à une poitrine plantureuse et rebondie.
Et puis bon, rendez-vous compte : c'est moi qu'elle a choisi ! Moi ! L'obsur, le besogneux, le petit comptable, le gars de l'ombre qui porte des manchons pour protéger ses bras de chemise, dont le seul danger professionnel consiste à manquer d'encre un soir de bilan. Moi ! Le vieux garçon, boutonneux, binoclard et ventru. Je ne sais toujours pas ce qu'elle a bien pu me trouver mais le fait est : elle m'a choisi, moi !
Eh ben, m'en fiche des autres, m'en fiche du boulot, m'en fiche qu'elle trimballe ses morveux partout avec elle, je les aime bien moi, ses mioches, surtout la gosse, la timide... Elle se planque toujours derrière sa mère mais elle m'aime bien, je crois... La preuve, ce soir elle a pas quitté l'ombre de mon ventre ! Sacrée môme, on dirait moi à son âge, c'est simple... Alors, ce soir, on part ! Parce que c'est ce soir, ou jamais.

Trois minutes ! Allez vite ! J'ai jamais rien demandé, mais si y a un Dieu, là-haut, ben s'il avait trois secondes à me consacrer, j'aimerais bien que ce soit là, maintenant, tout de suite ! Que le temps file comme un éclair, qu'on soit déjà demain, qu'on soit loin d'ici, loin du cirque...
Et surtout loin d'Igor... Parce qu'Igor, c'est son ex, celui qu'elle quitte, pour moi. Non, parce que bon, je sais bien que j'ai pas eu trop de chance dans ma pauvre vie, mais enfin... avouez que là, je fais fort.

Pour une fois que je tombe amoureux d'une nana qui m'aime aussi, faut que je tombe sur l'épouse du lanceur de couteaux....

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Commentaires
M
Ah oui quelle exellente chute !!! je rejoins un peu brie, c'est vrai que plein de choses se ressentent en lisant ce texte :)
L
ce texte fait sourire et par son langage et sa chute mais en lisant de plus près on sent cette crainte de rater quelque chose que l'on attendait depuis longtemps rencontrer l'amour, le vrai celui que l'on partage avec quelqu'un, celui que l'on ne vaut pas perdre car ce sera sans doute la dernière occasion de le vivre...<br /> Bravo Pati, j'ai bien ressenti ce texte
M
Quelle chute!!! Elle est... tellement... "coupante!! pointue!! aïgue!! <br /> aie! aie! aie! vivement le départ!! <br /> l'amour n'a pas de frontière, il n'a peur de rien! il est juste pressé de s'épanouir!<br /> merci pour ce texte!!
P
pourquoi le cirque ? tout simplement parce que j'ai été visité le site d'où vient cette photo... en cliquant sur le lien vers les sculptures, la première des Pritchard's que l'on voit est sur le thème du cirque... ;))<br /> <br /> comme quoi, l'imagination ne tient pas à grand-chose ;))<br /> <br /> merci à tous pour vos commentaires :)
B
Je suis intriguée par le fait qu’une sculpture comme celle ci inspire une histoire des personnages d’un cirque. Comme quoi l’imagination n’a pas de bornes….Je trouve que beaucoup de sentiments existants ressortent de ton récit, à l’image de la vie, le train-train dans n’importe quel domaine, le câblage de plombs, la non-confiance de certains êtres, l’amour qui s’installe entre deux êtres différents, les enfants des « autres ».... <br /> Du l’humour, du sentiment. Bravo pour cette histoire !
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