L’immortalité en présent . ( Largo )
Léon rêve en noir et blanc. Il apprécie les lignes généreuses des années 30, le style paquebot : l’architecture de l’évasion. L’élan de ces paquebots de lignes, le luxe qui défie les mers, toise l’espace d’un regard immobile.
La mer, Léon la connaît bien, la comprend et la voit noire. Il la rejoint souvent dans ses idées noires. Pour lui donner du mouvement, il invite Isabelle, l’égérie de l’architecte. Elle connaît son style et vient en longue, en veuve de ses illusions. Le noir lui va si bien et entretient si bien le rêve des couleurs chair en filigrane. Elle pousse le raffinement jusqu’à porter un long voile en crêpe. Elle le drape en chèche, les extrémités libres comme l’air et le vent. Et le vent malicieux, de connivence avec les pinceaux, l’envole en fumée. Il l’esquisse dans les yeux de Léon sur le reflet du bâtiment tout en rondeurs qui s’élance vers la mer … Sous l’émotion, Léon élève Isabelle en figure de proue …. aux plus hauts degrés de son affection.
C’est décidé, elle vivra centenaire.