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Paroles Plurielles
5 novembre 2006

Les escaliers de ma vie (Lorraine)

« Tous ces escaliers de ma vie, comme ils m’appellent ! J’étais en haut, belle, désirable et désirée. On m’a aimée. Ils m’ont aimée…J’ai aimé quelques fois. Pour le plaisir, pour le jeu, pour la chaleur d’une peau. Par orgueil aussi, vivant le délire d’inspirer des passions. Et par passion pour cet homme jeune qu’hypnotisait ma féminité épanouie mais compréhensive. »

Elle ferme les yeux. Longtemps, très longtemps, l’amour a donné un sens brûlant à sa vie. Trop longtemps.

Sa chambre est tournée vers le soleil. Il auréole ses cheveux blancs, son visage fin un peu flétri, l’interrogation du regard brillant par-dessus les cernes.

« Tous ces escaliers de ma vie, comme ils m’appellent !... »

En finir. Ne plus rien attendre. Ne plus rien espérer. Quitter définitivement ce home...

« Entrez »…
« Juliette, chère, où êtes-vous ? Le whist nous attend…
Et plus bas : « Je vous attends… »

Juliette regarde ses yeux à lui si intensément bleus, si fervents…Allons, c’est décidé, elle vivra centenaire !

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Commentaires
S
La métaphore des escaliers est en-effet très jolie, même si je dois avouer que je n'ai pas bien compris la fin... Vivra t-elle centenaire pour rester le plus longtemps possible avec "yeux bleus" ? Oui, c'est sûrement ça. Je vais toujours chercher des choses trop compliquées...<br /> <br /> Joli morceau de mélancolie,hésitation au bout d'une vie, et qui finalement choisit de continuer encore un peu, pour l'amour toujours là... C'est beau.<br /> <br /> Je ne sais pas si c'est fait exprès, mais le début m'a fait penser à un roman de Zweig, "24h de la vie d'une femme", où dans le premier chapitre le narrateur s'attarde sur les ressorts de la passion et de l'amour, et où il est justement question d'une femme qui risque tout pour un homme plus jeune qu'elle.
C
A chaque consigne, tu nous étonnes, Lorraine...<br /> Ici encore, j'imaginais cette dame dans le trente-sixième dessous, prête à faire le grand saut sur l'escalier de sa vie...La chute n'est pas celle à laquelle on s'attendait...Et tant mieux pour tout le monde!<br /> Ah, tu es une coquine dans le fond de l'âme!Et cela nous réjouit!
A
Tu es décidément une incorrigible séductrice, jusqu'au home !<br /> Et tu nous séduis encore et toujours par le charme de ce texte ! Bravo !
M
Ton joli texte m'évoque la mémoire de Juliette, le bel amour de Chateubriand. Je l'imagine prononçant tes mots, si pudiques, si tendres, si amoureux toujours. J'ai beaucoup aimé.
V
Merci de t'être arrêtée près de ma vieille dame nostalgique, Micheline. Et de faire quelques pas avec elle!
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