Seuls les marins peuvent comprendre...(Coumarine)
Elle se cogne tous les jours au silence…
Là-bas se blesse la mer écartelée à petits coups têtus sur les rochers cruels. Elle est là, immobile et statufiée. Ses tempes lui hurlent des cris répétés et lancinants.
Là-bas dans la mer couronnée d’écume sauvage, ondule un serpent noir qui gémit et se défend en soubresauts géants. Et le fracas de sa colère ronfle et se répercute dans ses entrailles brisées. Elle halète, perd son souffle.
Là-bas la mer mourante lance vers le ciel son chant d’adieu rauque, que seuls les marins peuvent comprendre. Elle s'est réfugiée tout en haut de son délire.
Le ressac obstiné vibre dans son ventre effrayé. Elle vomit en s’accrochant aux marches de sa vie.
Là haut paisibles et nobles, les étoiles veillent sur son désespoir, et leur voyage dans le ciel d'encre est scandé par les odeurs d'iode et de brume. Elle les touche doucement une à une et devient sirène.
Là-bas la mer s’endort, blottie dans ses eaux à présent tendres et enjôleuses. Elle se lave l’âme, elle s’apaise. Elle se donne le droit de dormir. Elle se sait veillée par l’œil de la tendresse.
Là-bas se lève soudain le silence mystérieux surgi du brouillard de l’au-delà. Elle sort doucement de son rêve meurtrier. C'est décidé, elle vivra centenaire.