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Paroles Plurielles
10 novembre 2006

Quand Léon et Charlotte se rencontrent par hasard. (Charlotte)

La toile est blanche et la main de Léon sans désir.
Pas de lever possible de couleurs, d'émotions, de femmes à voir en peinture aujourd'hui.
Ostende est nu et cru.
Le grand vide, le grand noir.
Quand il s'étale, sans éclair préalable,
Il avale la mer, brise les phares, crache dans le ciel.
Il anéantit l'artiste.

La page est blanche et l'esprit de Charlotte frigide.
Pas de coucher possible de mots, d'émotions  avec homme, sur  papier vite déchiré.
Ostende est sourd et muet.
Le grand trou, le grand vertige.
Quand il s'engouffre et se saoule sans ivresse,
Il étouffe l'envie, coupe les dires, tue les écrires expirés dans le ciel.
Il anéantit l'artiste.

Léon  voit  Charlotte, dans le grand trou noir,
Mourir vide, froide.
Il a subitement  pitié de lui.
Il ramasse  ses couleurs, son esprit et de ses bras, aspire la fille  et ses mots gribouillés, froissés.
Il la dresse sur la toile, l'habille de blanc, l'enroule de chaud, l'éveille d'un baiser bleuté.
Charlotte s'allume, rougit, demande un crayon, un cahier, s'il vous plait, merci.

« Il ne faut jamais désespérer »dessine  Léon à Charlotte et d'ajouter tout bas, en lui-même, en secret,  jurant d'y croire : « Je le veux, c'est décidé, elle vivra centenaire. »

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Commentaires
S
j'ai lu quelques uns de tes textes, j'aime bien comment tu t'exprimes, bonne continuation :-)
B
Quelle belle description poétique de ce vide que tout artiste doit ressentir et qui évolue d’une inspiration subite vers un contenant si plein d’émotion. C’est merveilleusement bien écrit.
F
Quelle belle écriture. Hymne à la sollicitude entre créateurs en mal avec le ciel d'Ostende. C'est ça qui est fascinant, même avec une météo épouvantable, la Mer du Nord a plein de choses à dire et à faire dire à ceux qui veulent en vivre! l'atmosphère décrite est superbe! Merci, Charlotte!
C
Ben moi aussi j'aime énormément<br /> Ce que j'aime chez toi (et que tu réussis si bien!) ce sont tes mots à prendre quasi chacun à double sens: le sens premeir terre à terre, et le sens second, le sens métaphorique<br /> Tu es une jongleuse de mots...bravo
C
Merveilleux! Fabuleux, Charlotte!<br /> Pour un accouchement difficile, le bébé est une petite oeuvre d'art...<br /> J'aime le parallélisme entre le peintre et l'écrivain. Tu joues avec les mêmes phrases pour exprimer le ressenti des personnages et cela crée toute l'atmosphère de ton texte. De plus, Ostende vit en symbiose avec ces deux artistes, éprouve même des sentiments humains...<br /> J'aime aussi ton jeu de métaphores, un bouquet de trouvailles!<br /> J'ai ADORE!!!!<br /> BRAVO!!!
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