Quand Léon et Charlotte se rencontrent par hasard. (Charlotte)
La toile est blanche et la main de Léon sans désir.
Pas de lever possible de couleurs, d'émotions, de femmes à voir en peinture aujourd'hui.
Ostende est nu et cru.
Le grand vide, le grand noir.
Quand il s'étale, sans éclair préalable,
Il avale la mer, brise les phares, crache dans le ciel.
Il anéantit l'artiste.
La page est blanche et l'esprit de Charlotte frigide.
Pas de coucher possible de mots, d'émotions avec homme, sur papier vite déchiré.
Ostende est sourd et muet.
Le grand trou, le grand vertige.
Quand il s'engouffre et se saoule sans ivresse,
Il étouffe l'envie, coupe les dires, tue les écrires expirés dans le ciel.
Il anéantit l'artiste.
Léon voit Charlotte, dans le grand trou noir,
Mourir vide, froide.
Il a subitement pitié de lui.
Il ramasse ses couleurs, son esprit et de ses bras, aspire la fille et ses mots gribouillés, froissés.
Il la dresse sur la toile, l'habille de blanc, l'enroule de chaud, l'éveille d'un baiser bleuté.
Charlotte s'allume, rougit, demande un crayon, un cahier, s'il vous plait, merci.
« Il ne faut jamais désespérer »dessine Léon à Charlotte et d'ajouter tout bas, en lui-même, en secret, jurant d'y croire : « Je le veux, c'est décidé, elle vivra centenaire. »