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Paroles Plurielles
18 novembre 2006

Un poste (brigetoun)

Eloïse est arrivée, rayonnante, s'est assise et a posé sur la
table, entre les bols de café, trois enveloppes :
- ça a marché, j'ai trois réponses - trois grands qui recherchent
une assistante.
- ton annonce ?
- et le bouche-à-oreilles - il y a le Professeur Wiggins qui a
besoin d'une mise en ordre de ses recherches sur l'affaire du
chevalier de La Barrre..
- sérieux, mais il a un sale caractère, un peu austère. Il faudra
que tu te passionnes pour ce chevalier si tu veux tenir le coup
- lui, c'est mon directeur d'étude qui lui a parlé de moi. Et
puis Jack O'Rour qui a vu mon papier sur le panneau
d'affichage..
- le rôle de l'environnement dans le développement ?
- enfin, très en gros, oui.
- il est sympathique Jack, amusant, il ne se prend pas au sérieux
- j'aime bien le rencontrer et discuter avec lui - brillant -
mais il crève tous ses collaborateurs au boulot - sacrément
ambitieux. Et l'autre ?
- tu te souviens de l'article de Maud Barnett dans la dernière
revue du campus : la religion et le genre ? Elle terminait sur
une demande d'assistance, je lui ai écrit et elle me fixe un
rendez-vous. Très élogieuse, sa lettre.
- très mode, un peu rebattu, mais ça peut marcher - pour elle ;
il faudra que tu l'aides à donner à ça un petit air neuf - pas
sure que tu apprennes quelque chose.
- Que ferais-tu à ma place ?
- je répondrais aux trois pour voir si leur intention se
confirme. Mais je préférerais le chevalier - il peut y avoir des
découvertes à faire, des recherches. Et de cette érudition,
Bernard Wigins peut tirer un éclairage un peu décalé mais
sacrément intéressant sur nous.
Eloïse, l'air un peu rêveur, s'est mise à dévorer, distraitement
mais combien efficacement la pile de toasts, les garnissant de
façon non moins détachée mais sélective du meilleur miel et de
la dernière confiture de tomates - et puis elle a regardé sa
montre en sortant
- j'ai rendez-vous avec Maud dans un quart d'heure, j'espère que
ça va marcher.
En la regardant, par ma fenêtre, franchir le portail et marteler
d'un pas décidé les allées de notre mini-campus, je me suis
demandé pourquoi diable elle m'avait demandé mon avis. Et puis
j'ai soupiré : "désormais c'est son problème, plus le mien".

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Commentaires
S
on s y croirait......belle piece de vie!!!!
D
Mon Dieu, qu'a-t-elle choisi ???
P
comme marie-claude. c'est tres bien mené, de bout en bout.<br /> et ça montre bien l'impact que peut avoir l'oralisation de nos soucis, petits ou gros, pour nous aider à y voir plus clair :)<br /> bravo :)
M
En lisant ton texte, j'ai pensé à ma soeur qui agit un peu comme Eloîse (bon elle s'appelle Clémence, mais c'est un détail). Quand je lui ai demandé pourquoi elle sollicitait mon avis puisqu'elle avait déjà décidé, elle m'a répondu que ce genre de dialogue-monologue lui permettait d'affiner sa pensée, d'être tout à fait sûre de ses choix. Je retrouve parfaitement dans ton texte notre manière de discuter parfois. C'est tout à fait ça. Je suis admirative. Bravo
B
Au départ, je ne voyais pas du tout comment tu allais t'en sortir, et puis je me suis laissé emporté par cet échange qui n'en ait pas vraiment un, ... et j'ai aimé.
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