Pas à pas (Alainx)

497, 498, 499... Encore un pas et j'y suis.

Et maintenant ? Qu'est-ce que je fais ?

Attendez, je vérifie sur mon petit papier dans mon sac rouge. C'est bien cela : "....Faire ensuite 500 pas tout droit, et tu y seras..."

Franchement, cela commence à m'énerver sérieusement ses petites énigmes débiles, sous prétexte de mettre du piment dans notre vie de couple. Et maintenant, je vais rester combien de temps plantée comme cela au milieu de cette allée ? C'est véritablement n'importe quoi !

Au début, c'était amusant. Cela me rappellait les jeux de piste de mon enfance, lorsque j'étais "Jeanette". Vous savez ce truc scout des filles. Je lui avais raconté tous ces souvenirs au temps où l'on s'aimait tendrement (comme c'est si loin tout ça...). Aussi, il y a quelques semaines, lorsqu'il a voulu redonner un coup de fouet à notre couple il a dû s'en souvenir et m'a glissé ces petits billets dans mon sac en demandant que je suive strictement les instructions. La première fois cela a abouti à un hôtel un peu louche dans un quartier chaud de Bruxelles. Mais je dois avouer que cela m'avait beaucoup excitée. Cette nuit-là j'ai retrouvé l'intensité de nos premières jouissances. Alors, de petits billets en petits billets, on est allé ainsi de chambre d'hôtel en chambre d'hôtel, de palaces en chambres sordides. Je prenais toujours un intense plaisir à ces escapades inattendues. Mais lui a fini par montrer quelques défaillances. Au début, je rattrapais le truc avec mes mains expertes, mais peu à peu la débandade s'est installée.

Alors, ses messages codés ont abouti à des squares tristes, sur des bancs publics où l'on ne se bécotait même plus comme les amoureux de Brassens. Le plus sordide ce fut le bar à putes. Soi-disant que cela allait lui redonner un coup de fouet ! Tu parles ! Sa virgule a eu à peine deux ou trois soubresauts !

Et maintenant me voilà comme une conne à cette intersection. Et lui il n'est pas là. Il ne veut quand même pas que l'on fasse "ça" en public ? Il s'imagine peut-être que je vais m'allonger sur les pavés en croix ?

J'ai accepté trop de choses. Je vais continuer encore tout droit, 500 pas de plus. Si je croise un chien, je divorce. Il n'aime pas la solitude ? Désormais c'est son problème plus le mien.

Comments

[maoux]

je suis un peu comme clise, je trouve l'idée du chien très sympa comme mode de choix, comme une enfant qui "fait la plouf", c'est très rafraîchissant!! mais pauvre "virgule" c'est pas de sa faute!! je suis pas un homme, mais je peux comprendre!!
grâce à toi j'ai ri en lisant ton texte comme les commentaires!! "surréaliste" est le mot, c'est évident!!

[Christine]

Oui triste histoire quand même de cet homme qui fait tout et cherche toutes les possibilités pour donner du plaisir à sa femme. Elle est dure quand même... mais j'ai bien ri ;-)
Elle aurait pu dire "si je croise un guorille, je divorce..." Et c'est là qu'après avoir compté tous ces pas elle se retrouve au zoo de Vincennes ;-))

[Amanda]

C'est drôle et aussi un peu désolant, la débandade...
Car en fait, si je comprends bien, il s'agit avant et surtout de cela ???
Mais raconté de façon irrésistible ! Bravo

[Olive]

On te reconnait bien là Alain, monsieur X !
Bien joué, j'aime bien la façon dont tu campes ce personnage féminin. Mdr ! Surréaliste même ! Bravo !

[Farfalino]

C'est drôle et avec des phrases bien sentie. ca me rappelle (vaguement je n'ai pas lu ou vu) le Zèbre d'Alexandre Jardin, ou un film avec Marielle je crois.