La marelle (Marie-Jeanne)
Je traverse la place encore déserte à cette heure matinale. Le soleil promet d’être radieux et j’ai l’humeur guillerette. Sur le pavement, des enfants ont tracé un jeu de marelle. Quelques cases à franchir pour passer de la terre au ciel. Je ne peux m’empêcher de penser à mon enfance, les jeux dans la cours de récréation, la corde à sauter, la marelle. Je me rappelle l’odeur de la cantine, le grincement de la craie sur le tableau noir, le cartable trop grand mais qui devait durer des années. Et surtout nos serments « tu es mon amie pour toujours ». J’y croyais à l’époque mais la marelle s’est fragmentée, dispersée. Ma meilleure amie m’a trahie. Le ciel m’est tombé sur la tête le jour où elle m’a annoncé qu’elle sortait avec mon copain. Evidemment en vantant les qualités de l’un à l’autre je me suis mise moi-même en danger. Mais comment aurais-je pu deviner qu’elle allait le séduire alors que j’envisageais de faire ma vie avec lui ? J’ai cessé de les voir. Il y a quelques temps un ancien copain de lycée, rencontré par hasard, m’a appris que leur mariage a échoué. Que va-t-elle devenir maintenant ?
Mais désormais c’est son problème, plus le mien.