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Paroles Plurielles
6 décembre 2006

Sans Titre (Piéro)

J'enfonçai une porte mystérieuse, close, ayant toujours été diablement tenté de fouiller toutes les issues interdites. Celle-ci donnait directement sur un plateau verdoyant et grandement ensoleillé, si bien qu'au seuil déjà, le soleil me menaçait d'une caresse brûlante. Comme pour le fuir ou pour l'embrasser, je courais dans l'herbe qui s'offrait à moi avec la lourdeur d'un oisillon qui s'essaye au vol, sans me rendre compte que la chaleur me donnait une fièvre euphorique. Je me confondais avec la nature ; je coiffais tendrement quelques mèches de fleurs, j'étreignais fougueusement la pelouse et je jouais dans la rivière comme un gamin. Las, j 'allais me reposer sur le rivage lorsque je la vis, trônant au sommet de la colline qui bordait la rivière, surmontée du soleil comme le "i" d'un point. Il me fallait la rejoindre. Je grimpai derechef l'abrupt monticule , et tandis que je tendais ma main vers son visage blanc, je fus foudroyé par la violente lumière du soleil. Je chancelai, par-ci par-là et tombai inerte dans la rivière qui m'emmena au loin.

Je me réveille. Un réveil glacé. Je suis étendu au pied d'une montagne imposante, recouverte comme toute la vallée d'une neige scintillante qui propage une lumière calme, presque transparente, dans la nuit. Peu à peu le froid me rend mes sens et la nuit mes esprits. C'est ici que je vis. Je l'avais oublié, je l'oublie tout le temps, mais la neige me le rappelle. Je me lève avec vigueur et conviction et je marche, je marche, jusqu'à me fondre dans le paysage.

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Commentaires
F
Très joli texte. Merci! Une écriture efficace qui nous transporte d'été en hiver sans nous enfoncer dans la tristesse pour autant. J'aime la conviction qui force le marcheur à se fondre dans son paysage.
A
Une vraie poésie à la puissance onirique... "l'envers du décors" prend corps .. la lumière est aveuglante.. le retour à la réalité, glacial.. <br /> Le mystère, le désir d'ailleurs... tu nous emmènes loin, Piéro.. merci pour le voyage :)
A
eyh Piéro, bienvenu !!<br /> Oui, super ton texte ! :)<br /> Je pourrais t'extraire pleins de petits bouts pour te dire : wouaw, cool celui-là !<br /> Mais à n'en prendre qu'un, je choisis la magnifique dualité qu'exprime "Comme pour le fuir ou pour l'embrasser".<br /> Sinon, je rejoins les autres commentaires également :-)<br /> Reviens vite !<br /> <br /> PS : et en passant... Joyeuse Saint-Nicolas !!!
P
Merci beaucoup pour ces commentaires ( les premiers , je suis ému :p ) ! Pour répondre à ta question marie.L , c'est plutôt le fait que je ne peux m'empêcher de chanter l'hiver quand on me demande de célébrer l'été ^^
M
superbe, ce chaud et froid! serait-ce la consigne qui précisait que nous sommes en hiver et que le tableau est de soleil vétu, qui t'inspira ce joli texte?
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