L'Attente (Plum')
Je crois bien que j’ai attrapé un coup de soleil, un coup d’amour, un coup d’je t’aime…
Je suis là, toute seule sur mon canapé de velours rouge et, le cœur perdu dans le vide, je pense à Toi. Tu viens juste de partir et l’écho de la porte d’entrée qui s’est refermée derrière Toi s’attarde dans la pièce. Comme Ton odeur, comme Ton sourire…
Je me rends bien compte que mon visage affiche un sourire béat mais mes lèvres n’arrivent plus à reprendre une position normale. Je caresse mon pied gauche, celui dont Tu as exquisément baisé chaque orteil avant de me dire :
« Au revoir, ma jolie Cendrillon. Je m’en vais de ce pas vaquer à mes contraintes purement nourricières mais, dès que la Lune se sera parée de ses étoiles-bijoux, je serai là, à tes côtés, ma Princesse aux Milles Charmes Charmants. Je m’en retourne vite pour encore plus prestement te revenir… »
Personne ne m’a jamais parlée ainsi. Personne ne m’a jamais sucée les doigts de pieds en s’extasiant de leur délicate apparence, de leur perfection. Aucun homme ne m’a jamais traitée en princesse, non, jamais. Toi, Tu me dis que mes cheveux sont de la soie céleste, que ma peau à la douceur de l’abricot d’été, que Te perdre dans mon regard T'aide à garder le cap, que mes mains sont une merveille de finesse et de grâce... Tu m’aimes le matin au petit déjeuner, entre deux tartines de pain frais. Tes baisers sont beurrés et confiturés à la gelée de coings. Tu m’aimes à l’heure du déjeuner, entre le plat principal et le fromage. Tu m’aimes à l’heure du goûter, me dévorant entre madeleine et thé à la bergamote. Tu m’aimes le soir m’enveloppant de Tes caresses-miroirs, celles que Tu me délivres avec Tes yeux d’amant aimant. Et nos nuits sont câlines, obscurs désirs de nos ombres opalines...
A présent, je vais T’attendre. Jusqu’à ce que Tu pénètres à nouveau notre nid d’amour, je vais rester là, assise sur le canapé, à T’attendre… Je ne me laverai pas avant ce soir pour garder sur moi, en moi, le plus longtemps possible, toutes Tes saveurs amoureuses. C’est ainsi que je survis à cette instance, c’est ainsi que j’arrête le temps. Je ne m’ennuie pas car je me repasse ce délicieux moment que nous venons de vivre, cette syncrétisme de nos corps, cette symbiose de nos âmes.
Dehors, il fait froid et le vent d’Est a raison des dernières feuilles des marronniers. Elles virevoltent, s’offrant sans retenue aux bourrasques. Mais moi, je me sens bouillante et frissonnante à la fois.
Je crois bien que j’ai attrapé un coup de soleil, un coup d’amour, un coup d’je t’aime… Vivement que Tu me reviennes et que je puisse enfin Te délivrer ce secret : oui, maintenant j'en suis sûre : moi aussi je T’aime, mon Amour…