Mange ta main et garde l’autre pour demain ! (Elvire)
Je crois bien que j’ai attrapé un coup de soleil
Non, c’est vrai, tout ce rouge tout autour de moi, je ne peux pas m’empêcher de mettre partout du rouge. Le soleil a du me monter à la tête.
Tiens, j’ai la tête à l’envers, j’ai sans doute encore rêvé d’elle.
Cette petite fille en rouge qui peut me dire qui elle est vraiment ?
Je ne sais plus, mon pinceau file seul, c’est mon cerveau qui déraille, elle s’impose à moi, la petite, je n’y peux rien, j’ai la calebasse en ébullition, si ce n’est pas un coup de soleil, c’est un coup de lune.
Elle est partout, la petite brune avec sa robe rouge, dans des fauteuils rouges, des rêves rouges, des rideaux rouges. Je suis le loup. J’ai bien peur d’être le loup, à moins que je ne sois le chaperon…
La petite a dévissé son pied. C’est aussi logique que de dévisser sa tête pour mieux voir autour de soi. La petite a dévissé son pied pour mieux pouvoir le contempler.
Personne ne saura mieux la dévorer.
Elle se dévore elle-même, vorace, prend les devants, la vie, elle la connait, d’avance.
Reste à savoir, qui est caché ainsi derrière sa porte, qui est le loup piteux qui la verra ainsi manger son pied, et garder l’autre pour demain. Puisqu’elle a faim.
Reste à savoir, ce qu’elle fait là, cette petite, dans ce fauteuil, à me narguer ?
Reste à savoir qui je suis, moi, dans cette histoire ? Le peintre ou le narrateur, le loup où la fillette ? Le meurtrier ou la victime ? Il manque le rouge du sang : son pied de peinture ne saigne pas. Je vais rajouter un peu de rouge.