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Paroles Plurielles
21 décembre 2006

Rencontre... (Pati)

Je crois bien que j'ai attrapé un coup de soleil.
Ma peau me chauffe à sang, rouge sang comme ma robe rouge. Ma robe des dimanches, ma belle robe, virginale robe déflorée, abîmée, souillée. Je suis si fatiguée.

J'aurais dû m'arracher les pieds plutôt que d'aller me promener, aujourd'hui. Rester sagement sur mon fauteuil, à rêver, à rester petite fille. Mais il faisait si beau. Si chaud. J'avais tellement envie de cette baignade, après tous ces jours de pluie. De gris. Envie de couleurs, de chaleur, de vie. D'envies.
Je me suis baignée, oh oui. Longuement. Pleinement. A en oublier le temps. Ma peau rougissante se rafraîchissait sous les assauts de l'eau pure et glacée. Un délice.
Je me suis séchée aux rayons divins de ce soleil de juin. Ai rêvé à d'autres baignades, d'autres envies, une autre vie même... demain ?
Mais ma robe a disparu. J'ai eu beau la chercher, ce n'est pas elle que j'ai trouvé. Mais ce garçon étrange et silencieux. Qui reniflait ma robe les yeux rivés sur moi. Moi qui me suis senti si frêle, sous ce regard. Si seule, si petite.

J'ai attrapé un coup de soleil, oui. Impression de brûler. En enfer.
J'enfile ma robe rouge des dimanches, lambeaux de mon innocence qui me parent en douceur de toute leur tendresse. Je l'aimais bien, pourtant, ma robe. Mais je crois que je vais la brûler quand je serai rentrée. Quand je me serai lavée, épurée. Quand toutes les larmes de mon corps auront fini de couler. Oui, je la brûlerai.
Et je m'enfoncerai dans mon fauteuil, les pieds dans mes mains, pour ne plus qu'ils partent à l'aventure. Et je crois bien que j'attendrai là que le soleil disparaisse. Dans l'ombre. A jamais.

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Commentaires
P
Remuée profondément, et tristesse incommensurable car on a tué quelque chose en elle, une part de vie... combien d'années lui faudra-t-il pour que ses yeux se remettent à briller? Pourra-t-elle guérir un jour? Me laisse triste, triste, ton histoire. Mais ton écriture, je la trouve excellente! touches délicates et si parlantes sans trop dire!
L
Pati, tout est dit et presque rien n'a transpercé du drame de cette petite fllle. Et pourtant tout le monde comprend. C'est ça, le grand art! Une délicatesse de mots qui cependant dévoilent. Tr!s beau!
A
ça bouge dedans et ça vrille l'estomac.. on a envie de prendre cette petite fleur coupée dans ses bras.. <br /> Magnifique écriture pour dire l'indicible, Pati.. <br /> Lancinante.<br /> C'est sûr, on ne ne nage pas dans la guimauve, toi et moi, en ce moment :) <br /> Mais écrire, c'est aussi "creuser dans du noir" comme disait Guillevic...
F
Wao ... j'ai du mal à trouver des mots à mettre sur ce texte. Mais est-ce réellement nécessaire ? Notre émotion ne parle-t-elle pas d'elle même ?
C
Pati, tu le sais je te l'ai dit souvent, ton écriture est dense, et "belle", elle fait choc...<br /> "elle" gardera ses pieds dans ses mains pour qu'ils ne partent plus à l'aventure...en effet quelle aventure! qui l'a abimée définitivement...
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