Le soleil brille pour ceux qui s'aiment (Hériçon)
Je crois bien que j’ai attrapé un coup de soleil … « Un coup de je t’aime » !
Pourtant nous ne nous sommes jamais vus, première rencontre sur le « net », premières approches qui sont devenues au gré des échanges quotidiens, un besoin issu de l’amour qui désormais nous unit
Tu dis m’aimer, me connais-tu vraiment ?
Désormais je connais ta voix … Le téléphone « m’a trahie », enfin cela m’a évité de te dire ce que je n’osais t’avouer … Je ne réside pas aux Etats-Unis … Ca aussi c’était un rêve, pas un mensonge … Alors j’ai fini par y croire moi-même… Et ta curiosité sur mon « beau pays » l’Amérique ! Quel bonheur mon « petit Français » je ressentais à te faire rêver plus que je ne rêvais. J’en jouais, je riais…
Je suis là assise, sur ce fauteuil ridicule, mon téléphone avec moi je n’ai plus que ça, et, toi de «l’autre côté», toi qui souhaites tant venir me rejoindre.
La réalité est là je t’appelle du Liban… Je suis née au lendemain de la guerre civile, lorsque mes parents sont rentrés des Etats-Unis… Ils étaient riches, ils m’avaient mise à l’abri avec mes frères et sœurs.
Depuis j’avais tout ce que je voulais, tous les caprices d’une enfance dorée. Jusqu’à cet été 2006… Je ne savais pas que cela pouvait exister, mes parents m’avaient pourtant expliqué; en 1976, ils avaient déjà échappé à cette horreur…
Ce matin j’ai bien entendu un bruit d’avion… Il en passe tout le temps. Puis ce vacarme, ce fracas assourdissant… Ces craquements épouvantables, le silence, et le néant qui leur succède… La fumée, la poussière qui se mélangent, au loin des cris… Au loin seulement.
Dis-moi, mon Amérique er ma voix te font-elles toujours rêver? Une partie de moi s’en va, j’ai mal, je ne parviens pas à la saisir… Il n’y plus que toi à qui je peux encore le dire…
Dis-moi le soleil brille-t-il encore en France ?
Je t’aime.
Ta rêveuse.