Reconversion tardive. (Largo)
J'ai volé mon âme à un clown. J'ai cloné mon vol avec une âme. Et je plane … à tire d'ailes avec mon âme damnée. Je la prends toujours en croupe sur mon vélo. Elle adore ça. On se débride. On se grise jusqu'à plus soif. Quand cela nous chante, on rentre dans un bar au hasard et au coucher du soleil. C'est plus giboyeux.
Ce soir, seul à une table, un nazillon nasillard se concentre sur son nazi-goreng. Dans le fond des couples blafards et drogués de baxters cathodiques végètent à rien et peut-être à perpète
Mon clin d'œil de clown ricoche sans effet sur ces fantômes pétrifiés en gelée dans leur indifférence. Ma plume saisit l'occasion trop belle de croquer le monsieur au passage clouté sur son blouson noir, les dames blanches et boulimiques d'idées reçues et les éjaculateurs précoces de slogans à la dynamite de groupe.
Le décor est planté. Si l'histoire se plante, c'est foutu
Non ! Le nazi s'est … gratté : c'est gagné ! Il secoue sa crête, juste pour tourner la tête. Les tempes rasées vachement haut et la gargouille percée de partout, il tintinnabule creux, en sourdine et en fer blanc. Il se lève sans ménagement et sans payer. Il titube, chaloupe et cavale comme un minet mouillé. Nous l'imaginons déplumé de son blouson, de ses bottes et de sa combinaison cirée. Ça lui donne l'air freluquet d'un lapin dépiauté pendu à l'étal d'un boucher. Nous prenons presque en sympathie cette victime d'un lavement des méninges. Nous le flashons sur le vif quand il bondit sur sa moto et mentalement dans ses pompes. Il bombe sa baudruche de carrure et enfle à vue d'œil au rythme de la nuée de décibels migrateurs qu'il entraîne dans son sillage.
Un calme relatif revient. Comme le barman, le facteur rhésus et la déjantée brâmeuse de blues qui brake-danse son corps billard de gonades devant les marionnettes de toutes les couleurs fleurissant sur la piste hallucinée
Candide, je prends ma plume sur mon cœur et ses croquis en poche. Dehors, la mer déroule par jeu ses rouleaux blancs en cascade de jupons andalous, juste pour provoquer le vent. Le veinard ! Il ronronne de plaisir…. Attendris et discrets, nous les laissons et rentrons en bécane sur la pointe des pieds
Ma muse nous accueille à bras ouverts. Nous lui racontons notre moisson d'images. Quand je lui mime le motard et la mer, j'en rajoute encore une bonne émoustillade. Elle se désopile
En pleurs de rire, c'est comme ça que je l'aime
C'est pour ça que j'espère, un jour, devenir clown dans l'âme