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Paroles Plurielles
20 février 2007

Tête de mule (Plum')

Il choisit toujours la solution la plus compliquée. Notre rencontre en est l’exemple parfait.

La seconde femme de mon père, ainsi que ses deux filles, ne m’aimaient pas. Lorsqu’elles se sont installées chez nous, je suis rapidement devenue la bonne à tout faire. Ma belle-mère m'a sortie de l’école à seize ans et m'a cantonnée à l’exécution des tâches ménagères.

Ma maman, décédée, avait laissé mon père en plein désarroi avec une fillette de sept ans. Cette femme était entrée dans sa vie, à l'affût d'un parti intéressant, mon père, lui, me cherchait une mère.

Un soir, notre voisin organisa une grande réception afin de fêter le retour des son fils des Etats-Unis. Ce dernier venait d’y terminer ses études. Nous étions en plein été et tout le gratin du coin fut invité.

A l’annonce de cette nouvelle, je me réjouis car ma belle-mère, très sévère, ne me laissait jamais sortir. Ne recevant pas d’argent de poche, je ne pouvais pas m’habiller à la mode. Je m’attelai donc à la retouche d’un ensemble en lin blanc à grand renfort de strass et perles savamment cousus et donnant à mes habits un air couture qui leur conférèrent une classe folle. Sauf que le jour J, une de mes «sœurs» déversa sur moi un pot de confiture de cerises, rendant mon ensemble hors d’usage. Aucun problème, décida ma belle-mère, je resterai à la maison, il y avait bien assez de travail…

Tout le monde parti, je noyai de mes larmes la maison toute entière. Ma marraine arriva par hasard. Horrifiée par l’attitude de ma marâtre, elle m’amena chez elle, me maquilla, me coiffa, me prêta une robe superbe, des mules à talons aiguilles assorties ainsi que sa voiture. Je fus méconnaissable !

«Vas-y, ma chérie ! Amuse-toi et rentre impérativement à minuit. Si tu es en retard, tu me causeras des ennuis. Je te fais confiance. File !»

Je promis et filais jusque chez nos voisins. Lorsque j’arrivai à destination, tout le monde s’amusait depuis plus de deux heures déjà. Je fus étonnée de croiser ma belle-mère qui ne me reconnut pas. Tant mieux !

Et puis ce fut la rencontre. Le coup de foudre, devrais-je dire ! Il me vit, je le vis et nous passâmes toute la soirée à danser, nous regardant yeux dans les yeux sans échanger une parole, pas même nos prénoms. Je perdis la notion de temps et lorsque je regardais l’heure, il était presque minuit. J’étais en retard ! Je me dégageai de ses bras et courai à la voiture, me tordant les pieds sur le gazon. Je perdis même une de ces satanées mules dans ma fuite. Mais je fus à l’heure chez ma marraine, ouf !

Eh bien vous ne me croirez jamais, mais celui qui allait devenir mon époux a rendu visite à tous les invités, la mule de ma marraine à la main, afin de me retrouver. Cela lui a pris deux mois. Nous étions plus de trois cents ce soir-là ! Si ce n’est pas de l’amour, ça…

Par contre, il aurait pu téléphoner. C’eut été plus simple, non ?

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Commentaires
V
j'aime bien ce conte revistée en comédie sentimentale moderne !
A
J'aime le conte revisité. Il y a un plaisir qui rappelle l'enfance où on aime entendre les mêmes histoires. Le coup du téléphone me fait basculer dans le rire. Super
A
Téléphoner? ah non!! où serait le romantisme!<br /> J'aime l'idée d'un homme qui se casserait la tête pendant 2 mois pour me retrouver........
P
Amusant ton texte Plum' (j'ai justement vu les princesses de Disney on Ice ce samedi... Et tout une partie du spectacle sur Cendrillon). Amusant ce conte moderne, une petite tranche de vie dans la vie d'une Mademoiselle tout le monde... A la bonne marraine !
M
C'est doux, tendre et sucré comme une guimauve !
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