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Paroles Plurielles
2 mars 2007

Une maison, une âme (Brie)

Ca fait huit jours exactement que je me suis retrouvée. Il fallait que je trouve la cause de cette dépression qui depuis des mois m’empêchait de sourire. Moi, qui étais si gaie, si pleine d’énergie auparavant, j’étais devenue triste, irascible, sans raison. Aucun soleil n’éclairait mes journées.

J’avais décidé de faire des déductions. De regarder ma vie de l’intérieur, tous les petits instants. D’analyser une par une les heures que je vivais. De reconnaître pas à pas les mauvaises ondes qui pouvaient m’influer cette tristesse.

Et puis un matin, une illumination : j’étais déprimée depuis que j’habitais cette maison. C’était un fait! J’avais toujours été convaincue que les maisons avaient une âme.

J’inspectais les murs, les plafonds, les papiers muraux, les tapis, les bibelots, sans aucune réaction. J’admirais mes collections de livres, de peinture, en les touchant du doigt. J’avais toujours aimé les bibliothèques. Comme une présence, un réconfort. Puis, tout d’un coup, mes yeux se fixèrent sur les volets. Comme un aimant. J’étais paralysée.

Après avoir repris mes esprits, je me dis que, décidément cette peinture marron était vraiment horrible. J’approfondis ce nouveau ressenti et je dus bien admettre que c’était la première chose qui m’insupportait dès le réveil. Je décidais de m’y atteler aussitôt.. Huile de coude, crampes aux bras ne furent rien par rapport à la joie qui réchauffait, jour après jour, mon corps et mon cœur. Ces volets seraient désormais peints d’un beau bleu roi.

Mes voisins, un vieux couple auxquels je ne pouvais donner d’âge n’avaient jamais voulu me parler des locataires précédents. A chaque fois que j’avais abordé le sujet, ils devenaient évasifs et avaient bizarrement une urgence, un plat qui brûlait sur la cuisinière où bien un seau d’eau à aller chercher. Ils devaient pourtant bien les connaître puisqu’ils vivaient ici depuis ..au moins 80 ans. Cela m’intriguait. Quelque chose s’était passée dans cette maison, mais quoi ? Je décidais d’en avoir le cœur net.

Je pris l’habitude de me promener dans le village régulièrement.. Une vieille dame était assise sur un banc, tous les jours à la même heure. Au début, je m’assis près d’elle et nous parlions de la pluie et du beau temps, des petits potins du village. Puis, au fil des jours, elle en vint à se confier de plus en plus, à parler d’elle, de sa vie, de sa famille et puis… de l’histoire de la maison qui s’appelait désormais "La Maison Aux Volets Bleus".
Elle me narra que vivaient dans cette maison, la sœur même de ma voisine. Je compris alors pourquoi elle refusait de me répondre. Cette femme avait épousée un homme de peu d’esprit, qui était devenu alcoolique, coléreux, violent. Il avait forcé sa femme à repeindre les volets en marron, couleur qu’elle détestait… et puis un beau jour, ils se disputaient une fois de plus au sujet de ces volets. Il l’avait attrapée et basculée par la fenêtre de leur chambre au premier étage. La malheureuse s’était accrochée tant qu’elle avait pu au battant du volet mais avait fini par tomber et était morte sur le coup. Lui, avait été jugé irresponsable et avait fini sa vie dans un hôpital psychiatrique….

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Commentaires
L
Il m'est déjà arrivé de vouloir étrangler une fille… mais pour des volets… euh non. Comme quoi je ne suis pas si dérangé que ça finalement. ouf.
B
et bien.....merci de vos conseils que je vais, en bonne élève, essayer de suivre !!
P
... J'y vois une correspondance avec mon histoire et ce qui est "marrant", c'est cette histoire de "temps" : tu racontes l'histoire à l'imparfait, le malheur de la femme persécutée, l'héroïne exorcisant ce drame en repeignant les volets en "bleu".<br /> Dans la mienne, tout est concentré dans le présent, l'héroïne réglant d'un coup tous les problèmes.<br /> Remarque : d'accord avec Coumarine. Ecrire au "présent", outre les aspects techniques, force à nous impliquer totalement dans l'histoire. C'est un engagement avec notre imaginaire "présent". L'utilisation du passé (qui a aussi ses justifications) est liée - pour moi - à une histoire déjà finie qu'il s'agit uniquement de retranscrire.<br /> Ceci dit, cela ne conserne que mon ressenti.
F
Je ne sais si les lieux ont une âme ... en tous cas, ils conditionnent la nôtre! Vive le bleu, couleur de vie, de l'eau et du ciel qui peut nous projeter dans le rêve, loin du cauchemard!
P
Je n'ai pas vraiment fait attention aux temps, je me suis laissée emporter par l'histoire. <br /> L'histoire d'un vrai secret, bien tabou avec presqu'une auréole de superstition autour de lui...<br /> Cela m'a beaucoup plue Brie.
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