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Paroles Plurielles
5 mars 2007

Propriété privée (Plum')

Ca fait huit jours exactement que j’ai découvert son secret.

Depuis, je dors au fond du placard. J’ai faim. Je devrais peut-être bien y retourner dans cette maison. Mais j’ai peur de les revoir, d’être obligée de les affronter à nouveau. Je ne m’en sens pas le courage et le fait de n’avoir rien mangé depuis deux jours entiers ne m’aide pas. J’ai fini les dernières boites de thon.

Je les entends. Les murs pleurent encore et toujours. Je les perçois si distinctement que la nuit cela m’empêche de dormir. Ils me font peur. Et s’ils venaient ici, afin de terminer ce qu’ils n’ont pu finir ? J’ai le ventre qui grogne et j’en suis réduite à manger des mouches.

J’essaie de me remémorer ce qui s’est passé exactement la semaine dernière. Afin de comprendre le mystère, d’en découvrir la clé.

Depuis mon emménagement en octobre, il n’y a pas un jour où je n’entendais pas mes murs pleurer. Des gémissements, des miaulements émanant surtout du salon et de la chambre. Ces murs sont mitoyens avec la maison voisine, la maison aux volets bleus. Je n’y ai jamais vu personne et pourtant, il s’en échappe de la fumée par la cheminée.

Vendredi, énervée et fatiguée, je suis allée frapper à la porte. Mais personne ne m’a répondue. Alors, j’ai escaladé le mur séparant nos deux jardins et j’ai tapé à la vitre de la cuisine, appelé aussi. Aucune réponse. La fenêtre étant entrouverte, j’ai décidé d’entrer. Ce qui m’a d’abord surprise, c’est une odeur forte d’urine féline, piquante, ammoniaquée, âcre. Et lorsque je suis arrivée dans le salon, je les ai vus. Une vision de cauchemar que je n’oublierai jamais.

Ils étaient une cinquantaine à avoir pris possession de la pièce. Dans la cheminée, un feu bien nourri crépitait. Le silence régnait, hormis quelques craquements de bûches agonisantes. Ils m’ont toisée, sont venus m’accueillir, m’ont laissée avancer jusqu’à ce que je l’aperçoive. Elle était allongée, vêtu d’un tablier bleu. Elle avait perdu un chausson et il lui manquait deux orteils. J’ai senti la nausée m’envahir mais j’ai continué à m’avancer. Et là, j’ai compris. Ils la dévoraient, s’en nourrissaient en une Cène infernale. Tout était si calme. Je n’entendais que les déglutitions résultant de ce banquet maudit.

Je crois que j’ai crié. Cela a déclenché l’attaque. J’avais cinq, six, sept chats sur ma tête, mes épaules, mes jambes. Toutes griffes dehors, feulant et crachant. Je suis tombée, me suis protégée les yeux.

Et elle est entrée. Une persanne blanche, magnifique avec de grands yeux émeraudes bordés de noir. Mes agresseurs m’ont immédiatement lachée, retournant à leur festin morbide. Elle s’est approchée de moi, je sentais sa fourrure soyeuse sur ma joue. Et là, elle m’a soufflée dans l’oreille :

« Bienvenue à la maison, ma chérie. Je t’attendais… »

Je me suis enfuie en courant…

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Commentaires
C
ben c'est bien,mais bon..<br /> A mon gout il n'y a pas assez d'info.<br /> bref,merci pour tout sa!
L
Et bien moi je trouve l'histoire de plum' différent du film, que je connais bien. Non de tout ans les peintres, poètes écrivains, les hommes en générales, depuis l'égypte ancienne peut-etre sont captivé par les chats. Et plum' forçément s'est senti inspiré par cette bestiole que je n'ai jamais vraiment apprécier…(le chien).<br /> L'histoire a sa propre trame et j'ai bien aimé, bravo, j'aime quand ça saigne moi. Grrrrrr
S
Brrr... ton texte me colle des frissons. Comme le dit FC, "quelle superbe horreur" ! C'est bien écrit, on prend un plaisir de gamins qui jouent à se faire peur.<br /> <br /> Et le commentaire de sodebelle est très très pertinent, il éclaire ton texte d'un jour nouveau. Bravo ! Il faudra que je le relise dans un moment ;-)
F
Quelle superbe horreur que ce texte! C'est magnifiquement bien écrit, ça glace le sang et, en même temps, ça donne envie d'aller jusqu'au bout pour savoir ... C'est d'une efficacité redoutable ... j'en aime encore moins les chats!
L
Plum, c'est remarquablement horrible! Bien amené, laissant planer le doute, mêlant l'ambiguité et la terreur, on pousse un long soupir de soulagement quand la chatte s'enfuit. Et cette idée d'orteils et de chaussons manquants...Brrr!
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