Pour le regard de Lilou (Bérangère)
ça fait huit jours exactement que tu es rentré de ta mission de sauveur de l'humanité à Darfour ; je ne suis pas amère, je n'en ai pas le droit, ça serait le summum de l'égoïsme malsain. . .
J'aurais juste voulu être ta priorité, tu vois, mais non, il fallait respecter tes règles, vivre l'instant présent, pas de projets, pas d'avenir, pas d'engagement , pas de promesses…
ça fait huit jours exactement que je n'ose pas sortir de peur que tu viennes en mon absence, huit jours que je baisse le son de la télé pour avoir la certitude d'entendre la sonnette, huit jours que je t'attends.
Ce soir, j'ai fermé les volets plus tôt , j'ai monté le son de la télé, j'ai compris que tu ne viendrais pas, que tu ne viendrais plus …
Entre deux potins, j'imagine le gros Dédé, avec ses gros sabots : " elle n'est plus seule, la petite Dubreuil, elle a eu une fille, au printemps dernier ! ", j'imagine tes sourcils froncés, tes calculs savants, et ta pensée … je l'entends d'ici " et elle qui me parlait d'amour, une belle girouette, oui ! "
Pas d'attaches, pas d'engagement, pas de projets … la pilule est fiable à plus de 99 %, quel drôle de pied de nez, hein ? Mais tu n'as pas douté un instant, ça ne pouvait être que le fruit d'une trahison cette enfant, tu as jeté la clé du secret qui nous unissait en ne cherchant pas à comprendre, tu t 'es privé sans le savoir du plus beau des cadeaux.
Elle s'appelle Lilou, elle a ton regard, ton sourire, la forme de mon visage, mes boucles brunes, et ma joie de vivre ; elle est belle, lumineuse et douce …
Elle est le plus précieux et le plus beau secret que je porte en mon cœur pour toujours, je l'aimerais , et t'aimerais à travers elle jusqu'à mon dernier souffle …