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Paroles Plurielles
6 mars 2007

Parfum d’aube (Floraise)

Ca fait huit jours exactement que la nouvelle a éclaté comme un coup de tonnerre.
Dans ce petit village du sud où tout se dit et l’essentiel se devine, on allait enfin connaître le sort de « la maison bleue », abandonnée depuis des mois et des mois dans l’attente des résultats de l’enquête c’est-y pas triste de laisser une maison comme ça à l’abandon…ils l’avaient si bien bichonnée…moi j’vous dis c’est pas les candidats acheteurs qui manquent …
Tout le monde avait répondu à la convocation du maire. La lavande, avait dû patienter avant d’être coupée et le sac des ménagères ne s’était pas rempli des fruits du marché même Gaston est là…c’est vrai qu’il n’a rien d’autre à faire…qui lui a dit de venir à ce solitaire…

« Vous êtes venus nombreux, avait commencé le maire,…nous tous au village croyions que R. et M. n’avaient ni descendants ni famille est-ce qu’ elle n’avait pas été enceinte pendant la guerre…y paraît qu’il était né avec un pied bot…où était-il alors ?..Je vais maintenant comme l’a demandé le notaire, vous faire la lecture du testament qui a été découvert, après bien des recherches, plié et coincé entre deux pierres dans la cuisine de R. et M.: 
Nous léguons à notre fils Gaston né handicapé, recueilli par un cousin, la maison et tout ce qu’elle contient à défaut de lui avoir donné notre soutien et notre affection. Signé : R. et M. X »

Bien des jours ont passé…
Le soir, quand la lumière adoucit les ombres et ramollit les cœurs, on voit Gaston sortir en claudiquant et s’asseoir sous la treille. Il reste rarement seul. Lui, l’ignoré, dont la solitude avait verrouillé la parole, lui qui avait traîné sa vie comme on traîne une peine, il est là, devant sa maison bleue au centre du village. Je le soupçonne de dérouler sa vie, sa pauvre petite vie et d’écouter les histoires de l’un puis de l’autre, ces souffrances cachées qu’on ne confie qu’à ceux que la vie a blessés.
Je me dis alors que la mort comme la nuit annonce souvent des aubes nouvelles.

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Commentaires
S
les derniers seront les premiers...
A
Gaston a souffert, Gaston donne par sa seule présence, la maison revit. Ton texte est très émouvant
F
J'ai beaucoup aimé le dernier paragrage. La chronique villageoise est bien rendue également.
L
"Le soir, quand la lumière adoucit les ombres…"<br /> Hé hé, ya rien là ?<br /> Bien ficelé ce petit texte.
C
oui Floraise...<br /> c'est chez Gaston qu'on vient se confier désormais...<br /> c'est un beau texte, merci
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