Touchée ! (Micheline B.)
Ça fait huit jours exactement que je suis enfermé entre quatre murs de pierres chaudes.
La Commissaire en chef Leslie Jucaut m’a dit : « Jean-Marie, tu vas prendre des vacances … de travail ! Je t’envoie en mission à Cabrières d’Aigues. Tu vas occuper une petite maison aux volets bleus dans cette belle région de Provence et tu y resteras caché jusqu’à ce que tu trouves des indices sérieux ». Toute la France connaît l’affaire qui secoue ce vieux village, désormais déserté par la majorité de ses habitantes : en trois mois, dix d’entre elles ont été tuées par des flèches dont l’origine est inconnue. Toutes avaient transpercé leurs victimes, de jolies jeunes femmes, de haut en bas, comme si l’assassin les décochait à partir d’un clocher ou du sommet d’une tour. Mais aucun édifice suffisamment haut dans le coin ne répond aux conditions de tir décrites par les experts du laboratoire d’analyse scientifique. Aucun suspect en vue…Le mystère reste entier. Le Divisionnaire veut des résultats, et vite !
« Tu prends tes jumelles et tu scrutes, tu notes tout passage et tu ne quittes pas la maison, car elle doit sembler inhabitée. Emporte cette cible dans ta voiture et décharge là pendant la nuit pour la poser près de la porte, comme un appât. Puis, tu vas garer ton vieux clou au parking municipal et tu organises ta planque. A la moindre alerte, j’arrive. »
Ce dimanche en fin d’après-midi, une ravissante jeune fille remonte la rue, portant sur son T-shirt l’inscription « Psyché », une touriste sans doute. Elle s’arrête devant la maison, me tournant le dos, pour allumer une cigarette. Un sifflement déchire le silence, puis un cri strident. Je sors en trombe. Une flèche a embroché la créature en plein cœur, pour atterrir dans la cible.
Je regarde autour de moi. Personne. Un bruissement d’ailes me fait lever la tête. Un jeune garçon, nu, portant un arc et un carquois en bandoulière prend son envol. « Touchée », claironne-t-il en riant !