E pericoloso sporgersi (Pluto)
« - Il faut que je vous dise j'ai menti ! J'ai froid, j'ai faim, j'ai peur, je suis planté là, sans pouvoir bouger… C'est pas juste ! Rien demandé, on m'a fait comme ça, pas coupable ! Oui, j'ai menti ! Et alors ? »
Il a beau tirer violemment : il reste là, coincé, face à ce foutu lac.
Dernière colère : « - Faîtes quelque chose ! Où êtes vous ? »
Un temps, puis bougon : « - Mais je ne pleurerai plus cette fois. »
Le calme est là, pas une goutte de vent, étang miroir impassible, doux matin printanier.
Et le temps passe.
Branche parmi les arbres, face à l'eau, pensées qui s'apaisent après l'orage, il laisse filer le moment, immobile : il s'est débattu, de rage, de fureur, de méchanceté, cela n'a fait qu'accentuer son emprisonnement parmi les ronces et branches dans un treillis inextricable, il abandonne…
Il comprend alors son "être de bois" : c'est sa condition, il est un élément de la nature, il est la nature...
… Plusieurs heures encore, puis le soir, puis la nuit, puis l'aube.
… Une larme de rosée a quitté la cime du grand sapin contre lequel il est adossé, passe à travers les ramures pour finir par goutter sur un nez en bois, un grand nez, un immense nez pris dans les ronces du talus où s'ancrent les racines de l'arbre majestueux.
La perle l'a réveillé et dans un demi-sommeil, yeux encore fermés, il ressent une immense tendresse l'envelopper délicatement : dans son aura bleue, sa fée est apparue ...