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Paroles Plurielles
23 mars 2007

Mythe au logis (Plum')

- Il faut que je vous dise…
- J’ai menti ! coupais-je
- Mais pourquoi ? Pourquoi avoir fait cela ?
- J’avais besoin que l’on m’aime, j’avais besoin d’exister pour quelqu’un, j’avais besoin de me sentir femme…
- Mais c’est horrible ! Ne vous rendez-vous pas compte du mal que peuvent faire les mots ? Avez-vous seulement conscience de leur pouvoir ?
- Je suis désolée. Vraiment désolée. Je vous ai dit que je vous aimais parce que je pensais que vous…
- Il suffit maintenant ! Cessez immédiatement vos mines faussement affligées. Vous êtes le diable en personne ! Une sorte de Naïade, venue du marais ! Après tout, que sais-je de vous, sinon que vous avez débarqué un jour, ici, au milieu de nulle part. Vous m’avez séduit. Vous vous êtes appropriée mon cœur, mon âme. Vous m’avez…
- Arrêtez ! Je vous en supplie, arrêtez cela immédiatement ! Vous vous faites du mal, trop de mal. Vous n’avez pas à vous infliger cela. Vous avez raison, je n’ai aucune excuse. Je ne vous demande pas de me comprendre, encore moins de me pardonner. Mais souvenez-vous seulement de ceci : l’amour est autour de vous, en vous. Vous êtes l’Amour ! Il vous suffit d’y croire.
- Je préfère interrompre ce qui pour moi est tout sauf une conversation, Cassandre. Je ne peux plus vous croire, vos mots ne sont que des flèches empoisonnées. Je ne veux plus jamais vous revoir. »

Il m’a tourné le dos et s’est éloigné, ses pas rapides faisant craquer les planches du ponton. Je l’ai regardé partir, m’imbibant une dernière fois de sa silhouette qui m’avait tant fait chavirer. Je me suis plongée une dernière fois dans ce qui n’était déjà plus que des souvenirs d’intense passion amoureuse. J’ai laissé couler les larmes, perles de regrets, gouttes du passé. Comment pouvais-je lui expliquer le secret que m’avaient révélé les eaux glauques du marais ? Comment pouvais-je lui dire que l’amour serait à sa porte cette nuit, durant la tempête ? Comment pouvais-je lui apprendre que la femme enceinte qui allait lui demander de l’aide vers deux heures du matin deviendrait son épouse mi-juin et qu’il deviendrait le père de son enfant ?

Comment prouver ce que je sais avant tout le monde ? Personne ne m’a jamais crue…

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Commentaires
S
C'est très bien écrit ! On plonge immédiatement dans le drame avec ce dialogue qui peut se lire à différent degrés, de la tromperie amoureuse qu'il suggère, jusqu'au clin d'oeil mythologique.<br /> <br /> Les mots, ça fait souvent beaucoup de mal... et l'amour, on y laisse parfois des... Plum' !
S
Pas simple de s'appeler Cassandre. J'ai beaucoup aimé ton texte et la dimension tragique qui s'en dégage.
A
Un texte vraiment plein de mystère. Il me manque juste un élément de plus pour mieux cerner cette Cassandre sans lui ôter ce mystère qui fait précisément le charme particulier de ton texte. Mais peut-être que je me trompe.<br /> J'apprécie beaucoup, comme çà a déjà été dit, la fluidité de l'écriture.
A
Un texte vraiment plein de mystère. Il me manque juste un élément de plus pour mieux cerner cette Cassandre sans lui ôter ce mystère qui fait précisément le charme particulier de ton texte. Mais peut-être que je me trompe.<br /> J'apprécie beaucoup, comme çà a déjà été dit, la fluidité de l'écriture.
R
c'est terrible et charmant à la fois. <br /> <br /> J'aime beaucoup la phrase : "J’ai laissé couler les larmes, perles de regrets, gouttes du passé".
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