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Paroles Plurielles
30 mars 2007

Une maman est un guide sûr (Papistache)

J'ai presque une heure d'avance, pensait Johann Christof Kaufholt.

En juin 1977, quand sa mère avait été arrêtée après les attentats meurtriers de la Fraction Armée Rouge, il avait pensé qu’il ne survirait pas à la séparation. Contre toute attente, il tint bon. Sa dépression guérie, il avait, grâce à son génie allemand de l’organisation, trouvé un lucratif emploi auprès des autorités de la Corée du Nord : Coordonnateur des Cérémonies Protocolaires auprès du « Cher Dirigeant » Kim Il-sung ; aujourd’hui à la tête de toutes les commémorations officielles de son fils Kim Jong-il.

Encore trente-trois minutes.

Après le décès de sa mère en prison, le 14 mars dernier, il avait reçu un volumineux paquet par le biais de l’ambassade d’Allemagne à Pyongyang. Une cassette accompagnait la lourde caisse. Il avait reconnu la voix de sa mère :
Johann Christof à toi de jouer !
Voici mes pistolets.
Ils sont chargés.
Ne gaspille jamais une balle !
Décharge-les !

Il avait toujours obéi à sa mère. S’engager à faire quelque chose, c’est donner naissance à un droit rigoureux,enseignait-elle.

Cinq minutes et trente secondes. Les pensées de Johann Christof Kaufholt convergeaient toutes vers cette interrogation : Kim Jong-il s’apercevrait-il de quelque chose ? 

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Commentaires
P
La rigidité aveugle d'un régime totalitaire... C'est vrai que cette photo, originale, met un peu mal à l'aise. Le noir et blanc, l'alignement des chaussures, ce type isolé, en costume et pieds nus...<br /> Le sujet de ton texte traduit bien ce malaise, ces interdits, ces obligations de parade qui font le quotidien de tous ces pays gouvernés par des tyrans.
P
Outis, c'est vrai. <br /> Ce point virgule ? ! <br /> Même pas de verbe dans cette dernière proposition. <br /> Fais des phrases courtes, mon ami.<br /> <br /> Pan sur le bec du perroquet !
B
oh, Papistache, c'est une histoire d'amour que vous narrez là... malgré toutes les horreurs du moment terrible, l'amour est là. Et cela me conforte dans ma vision du monde actuel, qui ressemble à celui là... L'amour triomphe toujours. Quel soient les sortilèges du mal, la puissance que certains lui accorde, nous avons toujours le choix. Pas de gris dans cette histoire, mais le blanc ou le noir. Il est des moments où il faut savoir. Sourire.
O
J'ai trouvé sympathique ce petit hommage posthume à la Rote Armee Fraktion et à la rigueur de l'engagement.<br /> C'est vrai que j'avais tout de suite perçu du totalitarisme dans cette photo, mais je n'avais pas pensé à cette surréaliste Corée du Nord. Bonne idée.<br /> <br /> À la fin du premier paragraphe, j'ai été un peu gêné par le rythme. Je pense que le point-virgule ne suffit pas et qu'un « il était » d'un côté ou de l'autre de « aujourd'hui » faciliterait la compréhension.
S
Oui, j'ai beaucoup aimé ce texte dès sa première lecture, avec cette tension qui monte progressivement ; comme je te l'ai dit, cet aspect de ton texte m'a fait penser à La condition humaine, toutes proportions gardées. Mais ce compte à rebours avant l'attentat, on doit retrouver ça dans ce roman (qui est par ailleurs chiant comme la mort, je vous en déconseille vivement la lecture)<br /> <br /> Ton texte à toi, il est bien ! On s'ennuie pas :-)<br /> Et... je dois dire que je suis assez satisfait de la fin ^^
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