Une maman est un guide sûr (Papistache)
J'ai presque une heure d'avance, pensait Johann Christof Kaufholt.
En juin 1977, quand sa mère avait été arrêtée après les attentats meurtriers de la Fraction Armée Rouge, il avait pensé qu’il ne survirait pas à la séparation. Contre toute attente, il tint bon. Sa dépression guérie, il avait, grâce à son génie allemand de l’organisation, trouvé un lucratif emploi auprès des autorités de la Corée du Nord : Coordonnateur des Cérémonies Protocolaires auprès du « Cher Dirigeant » Kim Il-sung ; aujourd’hui à la tête de toutes les commémorations officielles de son fils Kim Jong-il.
Encore trente-trois minutes.
Après le décès de sa mère en prison, le 14 mars dernier, il avait reçu un volumineux paquet par le biais de l’ambassade d’Allemagne à Pyongyang. Une cassette accompagnait la lourde caisse. Il avait reconnu la voix de sa mère :
Johann Christof à toi de jouer !
Voici mes pistolets.
Ils sont chargés.
Ne gaspille jamais une balle !
Décharge-les !
Il avait toujours obéi à sa mère. S’engager à faire quelque chose, c’est donner naissance à un droit rigoureux,enseignait-elle.
Cinq minutes et trente secondes. Les pensées de Johann Christof Kaufholt convergeaient toutes vers cette interrogation : Kim Jong-il s’apercevrait-il de quelque chose ?