Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Paroles Plurielles
3 avril 2007

Fin prêt (Aubade)

J’ai presque une heure d’avance sur eux, mais j’aime être fin prêt quand ils arriveront. Et c’est du boulot !

D’abord, préparer la plage : enlever tout débris, coquillage, trace d’algue ou déchet abandonné par les estivants de la saison passée. Puis, égaliser, égaliser, encore égaliser : il faut une surface parfaitement plane, parfaitement lisse, parfaitement horizontale. Puis ratisser, deux fois, perpendiculairement. Le plus difficile, c’est bien sûr d’aligner les chaussures. J’en ai prévu 143 paires, absolument identiques : cela fera 12 rangées de 12 paires, moins une, au centre : ma place. J’ai passé trois jours sur mon ordinateur pour calculer la pointure idéale des chaussures (c’est du 42,5), la meilleure distance entre les paires afin d’obtenir quelque chose d’harmonieux, quelque chose qui satisfasse le regard, qui fasse dire « c’est évident, c’est exactement comme ça que ça devait être. » Le résultat ? il faut 83 cm exactement entre les talons d’une rangée et les pointes de la rangée suivante, et 91 cm entre les bords latéraux des chaussures de deux colonnes successives. Au centre, j’ai dessiné précisément l’endroit où j’allais mettre mes pieds. Tout cela est rendu plus difficile quand il y a un peu de vent qui fait voler le sable : il faut épousseter les chaussures, et remettre les lacets en place : les deux boucles doivent être exactement de la même longueur (3cm), et les pointes ne peuvent pas toucher la semelle.

De plus, je ne dois laisser aucune trace dans le sable ; tout ce travail se fait un râteau à la main ; un râteau à très fines dents, vous comprenez ?, afin d’aplanir le sable au mieux au fur et à mesure de mes déplacements, qui doivent donc se faire à reculons.

Enfin, tout semble prêt. Je n’ai plus qu’à prendre ma place au centre, mettre mes pieds nus exactement à l’emplacement dessiné au centre, toujours en ratissant derrière moi pour effacer mes dernières traces, et c’est prêt . Fin prêt !

Il me reste une heure à attendre, immobile, bien droit, impeccable dans mon costume gris. Puis, les photographes vont arriver. La photo sera parfaite. Coumarine sera contente : elle la mettra dans la prochaine consigne : la consigne 43.

Publicité
Commentaires
L
J'aime beaucoup le gros plan sur ton arpenteur de plage. Il est un peu perturbé par le vent qui lui a chapardé son melon. Convertis lui ses pas en pieds et il va se mettre à valser.<br /> Amitiés,<br /> <br /> Largo
P
Mais ce type est atteint de TOC (Troubles Obsessionnels de la Chaussure) tout simplement !!!
O
Bon, je te préviens. Elle m'a fait le coup. C'est un poisson d'avril !
S
Bien sûr qu'il a avalé le rateau, ainsi il est certain de rester bien droit.Vraiment chouette ton texte.
A
Mais enfin qu'est-ce-que vous avez tous à vous tracasser pour le rateau? Il l'a avalé bien sûr, à moins qu'il ne s'agisse d'un rateau virtuel.
Publicité