Tue-toi-mens (Logarithme)
J'ai presque une heure d'avance... Ils l'ont fait exprès, j'en suis sûr! L'angoisse qui traîne sur mon corps les amuse. Leur perversion s'épanouit, ma dignité s'évanouit. La première fournée de mes pairs est partie en fumée. Ils me disent qu'il y a une erreur, que je fais partie du groupe numéro deux. J'attends, nu, seul, pensif. J'observe mais mes yeux sont vides de larmes, de lumière. Mon regard se pose sur la pile de vêtements sales et encore chauds, puis sur la montagne de chaussures vides mais pleines d'histoires. J'ai l'impression d'avoir passé la moitié de mon existence ici, à attendre que ça passe. Je ne sens plus mon corps, seules mes pensées me rappellent qu'il me reste un morceau de vie. Je me souviens alors du regard de ce petit jeune homme, ce petit bout d'homme, enragé et suppliant mais fort! Je revois tous ces visages de gens sans nom, ils me hantent. Et puis, tout s'accélère, c'est au tour de la deuxième fournée. Le vide! se remplit de larmes, de cris et de soupirs, on nous ordonne d'avancer. J'ai peur, c'est le moment de tutoyer la mort...