Vacances en couple (Brigetoun)
« Et maintenant ça suffit ! »
Martine a ramené ses pieds vers elle, sur le banc, et a entrepris de les masser.
Julien, assis sur le banc d’en face, l’a regardée en souriant et puis, répond : « de toute façon, on déjeune maintenant, non ? »
Il se penche et ramasse le sac de toile jaune effondré sur la terre entre eux, l’ouvre et sort des paquets qu’il pose à côté de lui , ouverts ; il trouve des tranches, fines à s’en déchirer, d’un jambon pâle et odorant, puis des bandes de jambon cru rouge foncé. Il lève les yeux vers elle et la regarde en souriant avec approbation. Et comme, à la suite, il trouve trois petit chèvres en file, un gros triangle de tome, et, dans un petit pochon de plastique, de grosses crevettes, il remarque : « tu as aimé le petit marché de la place, sous la citadelle, non ? »
Elle tend la main « passes moi une tomate, tu veux ? Dans l’autre poche »
Il sort les sacs de papier, trouve des pèches, puis des tomates et, dans le fond, des citrons allongés et d’un jaune brillant, et un dernier sac qui contient des échalotes grises qui lui semblent minables.
« Tu veux qu’on mange ça, là ? »
« C’est un petit vieux qui était assis à l’écart avec ses paniers. Il avait un joli début de barbe, ils sont forcément bons. Pour les corbeilles de ma cuisine ».
Il roule avec soin une tranche de jambon, elle se penche pour mordre dans la tomate, et, en se redressant :
« mais la cathédrale m’a épuisée. »
« Tu n’avais pas besoin de grimper dans la tour – moi j’ai aimé »
« bien sûr, tu es resté sur une chaise, jambes allongées, avec un air béat ».
« je regardais la voute, la forme des nervures le long des doubleaux ; je goûtais la fraîcheur et le calme, et j’écoutais le gars et son harmonium. C’était bien, tu sais »
« Oh j’ai entendu, c’était « ton » choral, mais je préfère la transcription sur laquelle tu t’échines à longueur de soirées »
Et, quand ils ont fini de manger, ils descendent cote à cote vers le fleuve, et s’allongent dans l’herbe.