L'envers (Thirohdes)
Et maintenant, ça suffit… !
Il va falloir que j’arrive à la regarder cette cathédrale. Des années qu’elle me montre son cul, et que je n’ose la retourner, ou plutôt y retourner. Des années que je la contourne et que j’use de détours invraisemblables pour l’éviter. Vous qui connaissez cette ville que j’aurai du quitter depuis bien longtemps, vous imaginez la difficulté d’éviter ce parvis autour duquel tout semble avoir été organisé.
Toujours cette impression qu’elle ne me laisse pas le choix, que sans elle ma vie aurait été autre. Il faut dire que j’en ai fait des conneries depuis que j’ai balancé cette foutue corbeille et tout ce qu’elle représentait de contraintes et d’obligations. J’ai pas mal zoné, ait été condamné quelques fois, renié beaucoup de mes convictions, mais j’ai toujours survécu sans en prendre trop dans le citron.
Mais il faudra bien que j’y aille un jour, avoir le courage de la regarder, et pourquoi pas d’y entrer. J’ai failli, il y a bien longtemps, et c’est là que tout avait basculé, que la petite musique s’était déclenchée, ritournelle du quotidien, qui fait que j’y reviens, sans arrêt. Je n’arrive pas à m’échapper.
Je croise, tous les matins, les mêmes paumés que moi, qui vont y chercher un réconfort fait d’habitudes et de certitudes. Ils affichent un sourire satisfait en me voyant caresser nerveusement le dos du banc, le même depuis plus de cinquante ans, maintenant.
Mais un jour, c’est juré, j’irai la voir la face cachée de ma vie, celle qui est faite de mariage à l’église et de bien-pensance, de tout ce qui est respectable, de tout ce qui se montre. J’y entrerai, debout, au milieu de tout le monde, et ils me regarderont, avec ce que j’ai toujours caché, cette putain d’envie de vivre, qui fait que je l’ai toujours aimée. J’aurai du…