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Paroles Plurielles
30 avril 2007

Dans les transports en commun (Yedidia)

Ma voiture n'a pas démarré ce matin. J'ai eu beau supplier, menacer, prier, insister... elle n'a rien voulu entendre.

Je suis rentrée à la maison, j'ai appelé le bureau pour prévenir de mon retard, et j'ai fièrement sorti le planning des autobus. J'en prends un à chaque rentrée scolaire, en me disant qu'il me servira peut-être un jour comme aujourd'hui.
J'en rêve un peu - ça me rappellerait mes années de jeunesse, l'époque où j'étais farouchement anti-voiture, où je poursuivais mes rêveries de la nuit dans le métro et je dévorais des romans dans le bus... avant de devenir adepte du vélo. Avant l'auto.

Alors aujourd'hui c'est le jour. Je n'arrive même pas à être irritée par la contrariété.

Pied de grue sur le trottoir - il n'y en a pas souvent, des autobus, dans mon petit quartier résidentiel, et celui-ci est en retard. Le voilà qui tourne la rue. Pas grand monde. Des lycéens, beaucoup de femmes. Ceux-ci doivent se croiser tous les matins, et pourtant ils ne se regardent pas. J'entends les fréquences aigues d'un lecteur MP3 à côté de moi. Quelques magazines ouverts, un livre ou deux.  Les gens ont tous l'air de regarder à l'intérieur de leur tête.

Moi je fredonne « prendre ma place dans le traffic ». Aujourd'hui, je ne suis pas à ma place, je regarde la rue, je regarde les gens. Aujourd'hui je profite.
Dans cinq minutes, la gare, une autre attente, d'autres gens. J'arriverai en retard au bureau, mais sans avoir traversé les traditionnels bouchons. En attendant, je rêve. Ce matin ma voiture m'a rendu ma liberté.

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Commentaires
P
C'est vrai que la vie nous offre un spectacle permanent.<br /> Une fois, dans un hôpital pour polyhandicapés j'attendais qu'une consultation se termine. J'ai assisté à un ballet exceptionnel ; chaque personne qui passait devant ce canapé fatigué marchait d'une manière différente. C'était beau, grave. Une chorégraphie pour un seul spectateur.<br /> Vous venez de m'offrir une seconde représentation.<br /> <br /> Perroquet qui dit merci sur la pointe de mon pied.
P
très joli texte, là encore.<br /> si la consigne vous emmène souvent vers le monde du travail, elle prend des chemins bien disparates, et c'est tant mieux pour nous, lecteurs ! :))<br /> <br /> de très jolies phrases, ici aussi. un ton volontairement doux, et tranquille. on sent, dans chaque choix de mot, la sensation de liberté inattendue et toute neuve de ton héroïne.<br /> bravo :)
K
Ce précieux espace de liberté que l'on s'offre parfois...<br /> Il m'arrive de choisir le chemin le plus long....de marcher en rêvant....ou de fermer les yeux la tête posée contre la vitre d'un bus.<br /> C'est si bon de savoir lâcher prise.
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