La dernière fois (Bombadilom)
Ma voiture n’a pas démarré ce matin. Enfin voiture c’est beaucoup dire ...
Je sors, d’un mouvement rageur claque la porte puis me fonds dans le troupeau qui déambule sur ce grand boulevard parisien.
Je sais déjà que je vais me faire engueuler, qu’une fois de plus mon despotique supérieur va me jeter un regard noir au moment ou je m’installerai à mon poste.
L’un après l’autre mes pieds se posent sur le sol humide, laissant une empreinte rapidement recouverte par la pluie, ou alors par le pas des autres. Je ne regarde pas ces autres, je ne veux pas les regarder, pas les voir, pas les connaître. Peu importe que je sois seul, peu importe que je sois différent. De toutes les façons aujourd’hui tout est différent. Je sais déjà que rien ne sera plus comme avant. Il y a d’abord eu le grille pain qui a décidé de ne plus griller, l’eau chaude qui n’avait de chaude que le nom. Tout de travers. Rien ne va.
« Mesdames et messieurs dans la roulette de notre vie, faites vos jeux. » je l’avais rêvé pleine de joies, de richesses. Mais finalement je ne suis qu’un mouton de plus dans ce troupeau qui va de la naissance à la mort en essayant de faire de son mieux. Et aujourd’hui je ne vais pas essayer, je vais faire.
Je gravis les quelques marches qui mènent à l’entrée. Un petit bonjour au personnel de sécurité puis l’attente à l’ascenseur.
Déjà je vois son sale sourire de fouine quand il va me dire de sa voix mielleuse « Alors Jean, encore un problème de voiture ?» Mais je ne vais pas me laisser faire cette fois-ci, il va voir !
3ème étage, j’y suis. Je passe devant son bureau, m’assois à mon poste, ouvre ma serviette et glisse la main dedans. C’est le moment qu’il choisit pour venir me voir. Comme d’habitude il a sur les lèvres ce petit sourire supérieur que j’ai appris à détester. Comme d’habitude il commence sa phrase par un « Jean » plein de reproche. Mais contrairement à d’habitude je sors la main de ma sacoche et pointe sur lui le canon de mon arme.