Rencontre du 3ème type (Cassymary)
Ma voiture n’a pas démarré ce matin. Il était 4heures du mat’. Je revenais d’un reportage photo dans un village de montagne. Je me suis arrêté sur le bas côté pour pisser.
L’humidité remontait du sol, enveloppant d’un voile de brume le paysage. Je pris une photo et revint vers la voiture, appareil en bandouillère. Le moteur resta muet. C’est alors que je l’aperçus.
Sa silhouette m’était familière. Croyant le reconnaître, je descendis de voiture et m’avançais vers lui.
Il avait porté les mains à ses yeux éblouis par la lumière des phares. Il paraissait tout droit sorti d’un film en noir et blanc. Yeux très clairs, cheveu blond coupé court, costume gris des années 60. Le front barré d’une ride soucieuse. Il observa mes mains, puis sembla se détendre.
_ « Je m’appelle David V. Vous êtes photographe ? »
Et sans attendre ma réponse, il me fit signe de le suivre.
Je lui emboîtais le pas, sans poser de questions. Il me fit traverser le bois rapidement, puis grimper une colline. La haut, cachés derrière un rocher. Je regardais dans la direction qu’il m’indiquait.
J’entrais de plein fouet dans la 4ème dimension.
En contrebas, sur un plateau de granit, il y avait des tas de gens, serrés les uns contres les autres. Chacun plongé dans un livre. On aurait dit un vieux programme de télévision.
De cette marée humaine surgit un doigt, un long doigt maigre et décharné qui pointa vers le ciel. Une voix métallique envahit alors l’espace.
_ « Téléfonmaison ! »
David me poussa du coude :
_ « Photo ! »
A cet instant une lumière éblouissante inonda la place. Dans un silence total, un drôle d’engin vint se positionner à un mètre du sol. De ses entrailles sortit un étrange personnage. Il avait le look d’un aventurier sorti tout droit d’une arche perdue. Casquette de baseball vissée sur la tête, cheveux et barbe poivre et sel, lunettes rondes.
De la foule amassée, un homme se dressa sur la pointe des pieds, puis s’avanca. Il ressemblait comme deux gouttes d’eau à François Truffaut.
La poignée de main fut vigoureuse et amicale. Lorsque je commençais à mitrailler, l’oeil collé à l’objectif, j’entendis les mots suivants :
_ « Salut Spielg, bel engin ! »