Au bord du monde (Kloelle)
Je suis assis là, sur le bord du monde. J’observe. J’écoute. Je m’abreuve des
goûts, des formes et des couleurs.
Voyez ce plissement de soie rouge qui
invite la lumière, et là, cet éclat de rire clair qui s’élève d’une robe à
fleurs bleues. Ils sont la pulsation de vie qui s’éloigne de moi car sur mon
teint terreux glissent les regards.
Toi, tu es assis comme un autre moi, sur le bord du monde, avec ton large pantalon de velours et cette forte odeur de pipe; tu me regardes avec bienveillance et de la pointe de ton crayon tu racontes mes doigts déformés par le froid et ces jupes dansantes qui ne font que passer.
Regarde moi, je suis le pantin fantoche de ton
imagination… Ecris, écris toujours, écris encore…
Seule l’écriture nous sauvera de
la gueule de bois.