Moi, Eliott, 18 ans (Léa)

Je suis compressé, étriqué, enserré dans cette foule compacte.

Je m'appelle Eliott, j'ai 18 ans et je vais mourir.

Tous les regards sont tournés vers l'écran, j'attends avec avidité. Elle va gagner, ce n'est pas possible autrement.

5… 4… 3… 2… 1…0…

Silence total. La foule est devenue muette. J'écoute le silence, et puis soudain, un grondement, venu du lointain et qui arrive jusqu'à moi. Elle a perdu. Misère.

Je m'appelle Eliott, j'ai 18 ans et je vais mourir.

Je déambule dans les rues de Paris, à la recherche d'un peu de réconfort, dans les bras d'une fille peut-être, ou dans un verre, accoudé au bar.Merde alors, elle a perdu.

Je bois, je bois, je bois comme un trou. Je sors de ce pub moisi et je tombe nez à nez avec elle. L'amour de ma vie, une marionnette. Elle est tellement laide, tellement difforme, que je l'aime au premier regard. Je l'emmène avec moi, je pars.

Je déambule dans la rue, je déambule dans ma vie, tout m'échappe, mais elle est si belle. Rien ne tient plus. Seule l'écriture me sauvera de la gueule de bois. Mais déjà j'ai soif, je lâche mon stylo et je te quitte, toi, lecteur, pour un verre chez Momo, avec elle.

Je m'appelle Eliott, j'ai 18 ans, et je vais mourir, comme tout le monde.

Comments

[cassy]

Moi aussi, j'aime beaucoup la chute.

[Papistache]

A 18 ans, on se remet très vite !


Perroquet plus prêt de 81 que de 18 sur la pointe de mon pied.

[dragonmire]

un tres joli texte qui contient et dégage une part de mystère.

[kloelle]

Elle ? Ségolène.
Ce texte a un charme particulier que j'aime.

[Pivoine]

Elle a perdu, qui a perdu? On ne sait pas, il est permis de rêver, de s'imaginer, et de fait, cette déambulation dans la ville fait rêver, accroche le lecteur, répétitions, chaque fois dans un nouveau cadre, dans ma vie, la ville, la rue, Paris... Et effectivement, j'aime beaucoup le refrain, J'ai dix-huit ans, etc. Qui revient régulièrement et qui clôt le texte, avec une note de gravité.