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Paroles Plurielles
20 mai 2007

Mauvais délire (Cassandrali)

Mes années fac, années de toutes les tentations mais aussi, de toutes les galères. J’avais vite décroché, je me laissais vivre…

Un soir, un peu éméché, je l’avais croisé. Assis sur son banc, il m’avait interpellé :
- T’aurais pas une p’tite pièce pour moi, mon prince ?
Fauché, j’avais raclé mes fonds de poche & trouvé quelques pièces.
- Merci mon prince… Tu viens t’en j’ter une chez moi ?
Je l’avais suivi et j'avais atterri dans une chambre de bonne. Elle était envahie d’étagères de livres, de piles de cahiers, de bouts de papiers griffonnés, chiffonnés et éparpillés partout. Je restais sans voix, le regardant avec de grands yeux étonnés.
- Ca t’la coupe, hein ? Bah wouais, j’lis et j’écris !
- J’peux ?
- Vas-y, si ça t’intéresse… Tiens… Bois ça… Ca t’aidera !
J’avais attrapé un cahier au hasard. Au fil des pages, j’avais découvert des nouvelles, des poèmes, des anecdotes… De vrais chef-d’œuvres pour le passionné de littérature que j’étais.
Un verre, puis deux qui s’enchaînaient au rythme de mes lectures.
Je dévorais les lignes page après page, mais une phrase m’obsédait.
Je l’avais lue à plusieurs reprises « Seule l’écriture me sauvera de la gueule de bois ».

Etait-ce sa devise, son nom de plume ?
Je n’avais pas osé le déranger. Tapi sur son lit, le vieux bonhomme à la tête cassée et aux vêtements élimés, était en pleine inspiration. Son stylo courait sur la page, la noircissait à l’infini à une vitesse affolante, en oubliant la bouteille coincée entre ses jambes.

Mes idées s’embrouillaient, tout tourbillonnait autour de moi. En écho, cette phrase martelait mon cerveau fatigué, tandis que je voyais les murs danser, basculer pour s’écraser sur moi.
Brusquement, tout était devenu noir…

Lorsque j’ai repris mes esprits, j’avais une effroyable migraine. Ma tête reposait sur la page vierge d’un cahier, collé à ma joue par les coulures de bave échappée de ma bouche. J’étais seul, face au vieux pantin tout disloqué que j’avais trouvé dans la rue, qui me regardait ironiquement. Je l’entendais se gausser de moi :
- J’t’avais prévenu pourtant, t’as pas voulu m’écouter… Tant pis pour toi !

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Commentaires
P
A la fois réaliste et fantastique. Pas mal du tout, Cassandrali !
C
oui, moi aussi j'aime beaucoup le côté fantastique, avec l'atterissage dans le réel...<br /> C'est super!!
P
Visiblement le message a fini par passer.<br /> <br /> Perroquet violet sur la pointe de mon pied.
F
Une belle histoire un peu fantastique. J'aime bien cette atmosphère.
L
Super!
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