Dignité (Plasoc)

Le samedi c’est plus tranquille
il y a moins de monde triste :
Certains sont partis à la ville
dévaliser quelques touristes,
d'autres se tapent la manche
usant leurs doigts sur des guitares
ou faisant résonner des anches
devant la terrasse des bars.
 
Au camp je m’occupe des gosses
de la lessive, des parents,
trois jours par semaine je bosse
pour moins de quatre cent francs.
Juste assez pour pas succomber
et payer le propriétaire,
depuis que mon homme est tombé
que les enfants n’ont plus de père.
 
Derrière la palissade
j'entends vos automobiles
foncer comme des malades
sans se douter du bidonville.
 
Le samedi c’est bien tranquille
Les autres jours… ça l’est aussi.

Comments

[selva]

coucou d'ici, plaz! j'aime bien ta chansonnette mélancolique et juste

[Amanda]

Tes rimes donnent à ton texte un air de chanson triste et réaliste : Piaf aurait pu chanter cela

[cassy]

Tres beau texte, court et percutant. J'aime beaucoup.

[Miss Alfie]

C'est très beau, cette manière de traiter l'indifférence des autres, la misère humaine, en poésie. C'est dur, ou du moins on pense que c'est dur... Mais ils savent aussi, ces gens des bidonvilles, trouver un peu de réconfort dans des choses toutes simples que notre confort petit bourgeois nous a fait oublier.

[Sammy]

Une longue plainte, comme une litanie, une évocation des gitans en vers libres comme eux. La fin fait un peu plus penser à Zola, L'assommoir, "depuis que mon homme est tombé". Beau texte.
Le rythme introduit par la répétition "Le samedi c'est plus/bien tranquille" est bien pensé aussi.