Sale journée (Melle e.)
« Le samedi, c’est plus tranquille. Il y a moins de monde. » c’est ce que je me suis dit ce matin, pour me lever, pour me donner du courage. Car, même si je travaille jusqu’à tard dans la nuit, le matin je me lève. Pour eux. C’est tout ce que j’ai, et tout ce qui me perd. Je les aime. Je les aime, c’est peut-être une des seule chose de bien qui me reste dans ma vie. C’est pourquoi je vis. Et pourtant, c’est à cause d’eux qu’elle est pourrie. Parce que seule, j’aurais pu m’en sortir, ou bien je serai morte. Mais avec eux, je suis obligée.
« Le samedi, c’est plus tranquille. Il y a moins de monde. » Les bons pères de famille ventripotents et bedonnants accompagnent leurs gosses chialeurs à leur entraînement de foot, avec bobonne et son panier à pique-nique. Les jeunes cons friqués, puants, marchands sans scrupules s’enfermeront dans les caves à musique où ils pourront baiser sans payer. Il ne restera que les perdus. Eux, ils sont pas nombreux. C’est ceux que je déteste le moins. Les plus solitaires, on se ressemble. On est deux seuls ensemble et c’est parfois moins pire.
« Le samedi, c’est plus tranquille. Il y a moins de monde. » C’est ce qu’il m’a dit, le dernier jour, en partant. Il faisait des heures sup dans un entrepôt. C’était son jour préféré, car les bons pères de famille et les jeunes cons sont en week-end. Il n’y avait presque personne et personne ne l’a vu, personne n’a pu arrêter la machine…
Alors, finalement, le samedi c'est pas mieux.